u moins, et de facons diverses, de
s'y ramener en effet, de s'y conformer, d'etre ce qu'elle est, de vivre
comme elle se comporte, et de ne pas en chercher davantage;--dont
l'autre consiste au contraire a remarquer plus ce qui distingue l'homme
du reste de la nature que ce qui l'y rattache et l'y retient, a tenir
un compte vigilant et complaisant des facultes qu'il semble bien que
l'homme ait seul parmi tous les etres, a y rappeler son attention, et
a lui persuader de se detacher, de s'affranchir, de se liberer le plus
qu'il pourra de la nature, de cultiver en lui ce qui le met a part
d'elle, de croire que ce qui l'en distingue est sans doute ce qui
fait qu'il est homme, et de cultiver et agrandir ses puissances,
ses facultes, ses dons purement humains, et pour ainsi parler, ses
privileges.
De ces deux tendances c'est la seconde qui est excellemment, et sans
hesitation et sans melange, celle de Buffon. Voila en quoi il est en
verite tres decidement spiritualiste. Il est a remarquer, encore qu'ici
il faille etre tres reserve, et se garder d'attribuer legerement des
"causes finales" a la pensee de Buffon, que sa mefiance et son chagrin a
l'endroit des classifications peut bien venir un peu de la crainte qu'il
a qu'on ne rapproche trop l'homme des animaux, et de l'ennui qu'il
eprouve a voir qu'on le "classe" trop decidement avec eux. C'est une
observation peut-etre plus ingenieuse et spirituelle qu'absolument
juste de M. Edmond Perrier[99], mais encore qui n'est pas sans quelque
vraisemblance, que Buffon dans les classificateurs voit surtout, avec
chagrin, des hommes qui mettent l'homme trop pres du singe: "Si l'on
admet une fois que l'ane soit de la famille du cheval et qu'il n'en
differe que parce qu'il a degenere, on pourra dire egalement que le
singe est de la famille de l'homme, qu'il est un homme degenere..."; et
cela, evidemment, n'est pas du tout pour plaire a M. de Buffon.
[Note 99: Ouvrage cite plus haut.]
Il est a remarquer encore que ses idees, ou plutot ses pressentiments
sur la variabilite des especes ne sont pas en contradiction avec ce haut
rang et cette place a part qu'il tient a conserver a l'homme, mais, _au
contraire_, seraient des arguments en faveur et des preuves a l'appui de
sa pensee sur l'incomparable dignite de l'homme. Si les especes se sont
definies elles-memes en se combattant les unes les autres; si elles se
sont ramenees elles-memes chacune a son type le plus parfait, la mieux
douee de
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