ns ces
idees de plus ou de moins, de mieux ou de pire, qui ne sont guere
scientifiques,--une adaptation nouvelle au moins, un changement que
l'espece a apporte a sa constitution pour se plier a de nouvelles
conditions et s'ajuster a d'autres entours? Les animaux, a beaucoup
d'egards, sont comme "des productions de la terre; ceux d'un continent
ne se trouvent pas dans l'autre; ceux qui s'y trouvent sont alteres,
rapetisses, changes au point d'etre meconnaissables. _En faut-il
plus pour etre convaincu que l'empreinte de leur forme n'est pas
inalterable?_ que leur nature peut varier et meme changer absolument
avec le temps?"
Oui, l'espece est variable, l'espece est plastique. Elle se modifie au
moins sous deux influences: l'influence des entours, les accidents de
la guerre eternelle que se font les etres vivants pour exister. Les
variations de la terre, elle-meme, de ce grand habitat de tous les etres
que nous connaissons, se sont repercutees naturellement sur les especes.
Des especes ont disparu, en grand nombre. Vous en trouverez les debris
gigantesques, avec etonnement et comme avec terreur, dans vos fouilles
geologiques,
_Grandiaque effossis miraberis ossa sepulcris._
L'ammonite a disparu, le prodigieux mammouth a disparu. "Cette espece
etait certainement la premiere (?), la plus grande et la plus forte de
tous les quadrupedes; puisqu'elle a disparu, combien d'autres, plus
petites, plus faibles et moins remarquables, ont du perir sans nous
avoir laisse ni temoignages ni renseignements sur leur existence passee!
Combien d'autres especes s'etant denaturees, c'est-a-dire perfectionnees
ou degradees par les grandes vicissitudes de la terre ou des eaux, par
l'abandon ou la culture de la nature, par la longue influence d'un
climat devenu contraire ou favorable, ne sont plus les memes qu'elles
etaient autrefois!"
Ajoutez que les especes se font la guerre, et, avec le, temps, ne
laissent, par consequent, subsister que celles qui sont les mieux
armees, d'une facon ou d'une autre, celles qui ont le plus nettement,
le plus precisement, le plus fortement le genre de defense, le genre
de chance de salut qui leur est propre, celles qui _sont le mieux ce
qu'elles sont_; qu'ainsi les intermediaires disparaissent, les especes
se fixent, se resserrent et se contractent pour ainsi dire, laissant
entre elles de grands vides autrefois sans doute occupes; et les fortes
differences que nous remarquons entre les especes ne sont qu'
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