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peut suivre de tres loin.... Que l'on considere, par exemple, que le
pied d'un cheval, en apparence si different de la main de l'homme, a
ete pourtant a l'origine compose des memes os, et l'on jugera si cette
ressemblance cachee n'est pas plus merveilleuse que les differences
apparentes; et s'il ne faut pas se preoccuper surtout de cette
conformite constante et de ce dessein suivi de l'homme aux quadrupedes,
des quadrupedes aux cetaces, des cetaces aux oiseaux, des oiseaux aux
reptiles, des reptiles aux poissons, etc."--_Une seule idee organique_
se modifiant progressivement dans le temps avec une infinie variete,
revetant des milliers de formes extremement diverses mais rappelant
toutes un ordre general, un "dessein primitif", oui, cela est possible,
cela est conforme a l'idee qu'on doit se faire de la majeste de la
nature; cela est conforme surtout a l'instinct et au gout d'unite que
l'homme a en lui et qu'il a d'autant plus fort que lui-meme est plus
intelligent; et peut-etre pourrait-on dire que cette conception est une
forme du monotheisme; mais encore une fois, et pour toutes ces raisons
memes, ce n'est qu'une grande hypothese, et une hypothese au moins
a demi metaphysique, et sans la repousser, nous n'en parlons que
brievement et avec reserve, et toujours comme d'une vue tres generale et
probablement peu susceptible de verification, sur laquelle nous ne nous
prononcons pas.
Pour ce qui est de la variabilite des especes, nous serons beaucoup plus
affirmatif. Les especes sont variables, nous en sommes persuade, et une
des raisons de notre peu de respect pour les classifications rigoureuses
est precisement notre pressentiment d'abord, notre conviction ensuite,
a l'endroit de la variabilite des especes. Un grand fait nous incline,
avant toute autre consideration, a croire que l'espere animale change
avec le temps. Ce grand fait c'est la difference des "faunes" selon les
differents pays. La geographie des especes, constituee par nous, conduit
a l'idee de la variabilite des especes. Rien de plus different que la
faune de l'Amerique meridionale et celle de l'ancien continent; mais,
cependant, la plupart des animaux europeens n'en ont pas moins leurs
analogues au nouveau monde, avec cette particularite que les animaux de
l'Amerique sont toujours plus petits que ceux qui leur correspondent
dans l'ancien. Ne peut-on pas voir, ne voit-on pas la une degenerescence
du type primitif, une alteration, une degradation,--ecarto
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