blable a celui de l'homme, et voila meme pourquoi, a
l'egard des mineraux nous faisons, en petit, ou nous nous voyons avec
certitude sur le point de faire tout ce qu'a fait et ce que fait la
nature. Elle ne travaille le mineral que par la surface. Elle travaille
le vegetal _sur trois dimensions_, en longueur, en largeur, en
profondeur; elle semble au centre de lui, et non seulement au centre de
lui, mais au centre de chacun des elements qui le constituent, de chacun
des grains de matiere organique qui fremissent dans ce tourbillon qui
est lui. Elle le faconne, et l'on comprend a present ce mot singulier,
mais necessaire, d'apres "un moule interieur", un moule qui s'elargit,
s'allonge et se creuse sans perdre sa forme generale, et qui s'etend,
dans l'acception litterale du mot, dans tous les sens, un moule, en un
mot, a trois dimensions.--La nature, c'est, d'une part, de la matiere
brute et morte qui se faconne mecaniquement, comme le fer sous le
marteau de l'homme; c'est, d'autre part, de la matiere qui se faconne
organiquement, par une force d'expansion qui agit dans tous les sens
et qui accroit et developpe l'etre, du plus profond de lui-meme, dans
toutes les points, dans tous les sens, dans toutes les directions, dans
toutes les dimensions.
Or je dis qu'il n'y a de vraie difference qu'entre le monde inorganique
et le monde organique. Entre les differentes, si nombreuses, provinces
du monde organique il n'y a que des degres, et il y a des transitions
insensibles, et il n'y a que des limites flottantes et comme a dessein
confuses. Le vegetal est une collection, non un individu. Il est vrai en
general: mais tel vegetal commence a etre un individu, commence a avoir
comme une conscience et une volonte. J'ai dit que les vegetaux ne
sentent point: il y en a qui semblent sentir. "Si par sentir nous
entendons faire une action de mouvement a l'occasion d'un choc ou d'une
resistance, nous trouvons que la _Sensitive_ est capable de cette espece
de sentiment, comme les animaux. "Voila une plante qui a je ne sais quel
degre est deja un individu.--Il est entendu que les vegetaux n'ont pas
un veritable vouloir-vivre, precis et actif, et ne s'elancent pas vers
le but d'un desir. Il est vrai, en general; mais la _Vallisnerie_ male,
attachee au fond de l'eau, rompt ses liens et s'elance vers la surface
du flot pour rejoindre la fleur femelle.--On convient que le vegetal
est une collection de vegetaux, se multiplie par parties detachees
|