chien qui veut ne pas prendre le mets qu'il desire, veut
donc en effet, mais comme le dormeur qu'on pince retire le membre
douloureusement affecte, et le cache, sans se reveiller. Le dormeur veut
d'une facon generale ne pas etre blesse, mais il ne le veut pas d'une
facon precise, puisqu'il ne sait pas qu'il le veut. De pareilles
volitions sont des volitions, mais qui ne sauraient etre coordonnees,
former systeme, devenir plan de conduite et grand dessein. C'est en deca
de cette coordination des sensations, des pensees et des vouloirs qu'est
la limite des animaux.
[Note 97: Ce que nous appelons mouvements reflexes inconscients.]
Enfin, dernier venu sur la planete, selon toute apparence, l'homme est
un animal qui sent, qui pense, qui veut, et qui coordonne sensations,
pensees et vouloirs, et qui les fixe et les resume dans des abreges qui
s'appellent _idees_, et qui fixe et resume ses idees dans des signes qui
s'appellent des _mots_, et qui par les mots transmet aux autres
hommes ses idees, qui peuvent s'accumuler, se conserver, se corriger,
s'agrandir et se combiner indefiniment. L'animal capable de
generalisation, et d'experience, meme isole: capable de science, de
tradition et de progres, a la condition de vivre en societe, existe sur
la planete; et par l'immense difference qui est entre lui et les autres,
est de force, d'abord a la conquerir, et plus tard a la comprendre.
Et ce sont la des differences vraies et qui sont considerables entre
les vegetaux, les animaux et les hommes; mais prenons garde, et, en
repassant par le chemin parcouru, adoucissons ce qu'il y a de beaucoup
trop tranche dans ces classifications et ces delimitations. Il n'y a de
difference profonde aux yeux du naturaliste qu'entre la matiere morte et
la matiere vivante, qu'entre la matiere uniquement soumise a la force
d'attraction, et la matiere soumise, en meme temps qu'a la force
attractive, a la force d'expansion, qu'entre le mineral d'une part et
les vegetaux et animaux de l'autre, qu'entre la matiere que la nature
travaille, pour ainsi parler, du dehors, exterieurement a elle, et la
matiere que la nature semble travailler du dedans, interieurement, et en
quelque sorte, par un "moule interieur".--La nature faconne le mineral
comme en se tenant en dehors de lui; elle le comprime, elle le tasse,
elle le forge; elle l'augmente aussi, mais en _ajoutant_, en deposant
quelque chose a sa surface; tout son travail ici est exterieur,
exactement sem
|