daillan s'arreta et le regarda en face, en souriant. Ce sourire etait
terrible... Maurevert baissa la tete et poussa un faible gemissement.
--Allons! dit Pardaillan qui se remit en route.
Pres du porche, Crillon, l'epee a la main, criait des ordres. Des
soldats croiserent la pique devant Pardaillan.
--Monsieur de Crillon, dit Pardaillan, il faut que je sorte.
Crillon regarda Pardaillan une minute avec une sorte d'effroi et
d'etonnement meles. Puis, il se decouvrit et prononca:
--Laissez passer la justice royale!...
Les gardes se rangerent et presenterent les armes. Pardaillan franchit
le porche, entrainant et soutenant Maurevert...
Sur l'esplanade, a vingt pas du porche, un homme se placa pres de
Maurevert et se mit a marcher sans dire un mot. Tous trois--Maurevert
encadre entre Pardaillan et le nouveau venu--franchirent la porte de
Russy, passerent le pont et se mirent a remonter la Loire.
A une lieue environ du pont de Blois, ils s'arreterent devant une masure
abandonnee. Deux chevaux tout selles etaient attaches a un restant
de palissade qui avait du entourer un jardinet attenant a la masure.
Pardaillan poussa Maurevert dans l'unique piece. L'inconnu entra
derriere eux et ferma la porte.
--Asseyez-vous, dit Pardaillan a Maurevert en lui designant un
escabeau. Maurevert obeit. Pardaillan lui lia les jambes solidement, et,
des lors, une lueur d'espoir se fit jour dans l'esprit de Maurevert,
car, du moment qu'on le liait, c'est qu'on ne devait pas le tuer tout de
suite.
--Messire Clement, dit alors Pardaillan, puis-je vraiment compter sur
vous?
--Cher ami, dit Jacques Clement, soyez tranquille, et allez sans crainte
a vos affaires. Je jure Dieu que vous retrouverez l'homme ou vous le
laissez.
Pardaillan fit un signe de tete comme pour dire qu'il avait confiance
dans ce serment. Il sortit sans jeter un regard a Maurevert et reprit
en toute hate le chemin de Blois. Jacques Clement tira son poignard et
s'assit devant Maurevert.
XXXV
LE DERNIER GESTE DE FAUSTA
FAUSTA, des le matin, avait pris ses dernieres dispositions. Elle avait
expedie divers courriers et, entre autres, un cavalier charge de courir
au-devant de Farnese pour lui dire de hater sa marche sur Paris, car
elle ne doutait nullement qu'Alexandre Farnese ne fut entre en France
depuis plusieurs jours deja.
Puis, elle avait tout fait preparer pour son depart le soir meme. En
effet, elle avait convenu avec Guise qu'aussitot a
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