ans, conduisant une petite charrette
attelee d'un ane, se presenterent pour passer.
Charrette, ane et paysans embarquerent et le bateau commenca sa
traversee le long de la corde. Lorsqu'il fut sur le point de toucher
terre, Pardaillan accourut, et, tranquillement, prit place dans le bac
au moment ou les deux paysans s'en eloignaient. Le passeur le reconnut,
et, devenant tres pale, se mit a trembler.
--Allons, fit Pardaillan du ton le plus paisible, passe-moi sur l'autre
bord et tache d'etre plus adroit que tout a l'heure sans quoi je ne te
paierai pas; au contraire, je te ferai payer mon cheval.
--Ah! monsieur, s'ecria le passeur, entierement rassure, ce ne fut pas
de ma faute, allez, et je puis dire que j'ai eu bien peur pour vous,
surtout quand j'ai entendu l'arquebusade. Mais j'espere, puisque vous
voila sain et sauf, que vous avez rejoint ces deux miserables?...
--Tiens! Comment sais-tu qu'ils etaient deux?...
--Je les ai apercus, balbutia le passeur, interloque.
--Ah! c'est juste. Eh bien, moi, je n'ai pu les voir et les deux
scelerats m'ont echappe...
Entierement rassure, le passeur se mit a manoeuvrer, et Pardaillan
s'assit sur un banc, tres indifferent en apparence. Seulement, lorsque
le bac fut a peu pres au milieu du fleuve, c'est-a-dire a l'endroit meme
ou cheval et cavalier avaient ete precipites dans l'eau, Pardaillan se
leva, marcha resolument sur l'homme, le poussa violemment par-dessus
bord. Au meme instant, il le saisit par le collet, et le maintint plonge
dans l'eau jusqu'au cou.
--Grace! cria le passeur, livide de terreur. Laissez-moi remonter, je ne
sais pas nager!...
--Scelerat, avoue que tu as voulu me noyer...
--Non! gemit le passeur, fou d'epouvante.
Pardaillan lui plongea la tete dans l'eau, puis le retira a demi
suffoque.
--Avoue que tu connais ceux qui m'ont arquebuse!
--Non! Non!... je...
Un nouveau plongeon interrompit l'infortune. Cependant, etant parvenu a
redresser la tete hors de l'eau, il rala:
--Grace! Je dirai tout!...
--Parle donc! et tu auras vie sauve, foi de Pardaillan.
--Pardaillan! C'est bien ce nom que M. de Maurevert m'a dit!...
--Tu le connais donc?
--Depuis huit ans que je fais partie de la sainte Ligue, dit le passeur
en essayant d'esquisser un signe de croix. Eh bien, M. de Maurevert vint
hier, et me parla d'un terrible parpaillot qui avait tente d'assassiner
notre grand Henri... Il parait que vous avez manque votre coup.
La-dess
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