le courent toutes sortes de bruits et qui etait une facon de
rebelle, en revolte ouverte contre l'autorite de notre Saint-Pere...
--Vous dites "qui etait"...
--C'est que cette femme a peri dans les flammes monsieur, a ce que tout
le monde assure.
Pardaillan se detourna vivement, tandis que l'hote continuait son
elegante narration.
Le chevalier avait senti qu'il devenait tout pale. Ainsi, Fausta etait
morte!... Morte de cette mort effrayante dans le brasier allume par elle
pour lui!...
Il secoua la tete en murmurant:
"Morte Fausta, mort le passe... tachons de regarder dans l'avenir!"
Lorsqu'il fut a cheval, l'hote lui offrit lui-meme le coup de l'etrier,
un verre d'un certain vin de Bourgogne qu'il gardait pour les grandes
circonstances. Une demi-heure plus tard, Pardaillan trottait sur le
chemin du retour.
Non, Fausta n'etait pas morte. Au moment ou Pardaillan s'eloignait de
Rome, elle etait enfermee et gardee a vue dans une chambre du chateau
Saint-Ange avec sa suivante Myrthis. Myrthis, apres avoir mis le feu
aux fascines accumulees au rez-de-chaussee, etait sortie en fermant les
portes, selon les instructions qu'elle avait recues, et avait attendu sa
maitresse, devant une porte basse a l'aile gauche que le feu ne
pouvait que difficilement gagner. L'incendie se declara, et Myrthis se
desesperait lorsque la porte basse s'ouvrit. Fausta parut...
A ce moment, des gens, qui avaient rode autour de la suivante,
s'approcherent vivement, envelopperent les deux femmes, et l'un d'eux,
passant sa main sur l'epaule de Fausta, lui dit a voix basse:
--Vous etes la princesse Fausta! Depuis huit jours nous surveillons le
palais. Au nom de Sa Saintete, madame, je vous arrete. Veuillez nous
suivre sans scandale, si vous voulez garder quelque chance de vous
entendre avec le Saint-Pere.
Fausta leva un regard flamboyant vers le ciel menacant ou l'incendie
mettait l'effroyable splendeur de son immense lueur de brasier... en
meme temps, elle fut entrainee.
XLII
VENTRE SAINT-GRIS
Plus il s'eloignait de Rome, plus Pardaillan reprenait cet esprit
d'insouciance raisonnee qui le faisait si fort dans la vie. Lorsqu'il
rentra en France, la scene du Palais Riant ne vivait plus en lui que
comme un reve lointain. D'ailleurs, les etranges nouvelles qu'il
recueillait en route, a mesure qu'il avancait, suffisaient a elles
seules a donner un nouveau cours a ses pensees.
Il apprit que le vieux cardinal de Bourbon ava
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