ouie
dans les coussins, livide de l'effort qu'elle venait de faire pour se
contenir, grondait:
--Rien! Rien! Rien! Pas un battement, pas un tressaillement!... Oh! oui,
qu'il reflechisse, car c'est sa vie qui est en jeu! Qu'il reflechisse et
prenne garde! Car, maintenant, c'est moi qui le tiens!...
Que se passa-t-il au Palais Riant pendant ces trois journees? Quels
preparatifs y furent faits? Quels ordres donna Fausta?... Dans le
courant du troisieme jour, d'etranges allees et venues se produisirent
au rez-de-chaussee. Le soir venu, les vingt serviteurs qui etaient
enfermes dans le palais, hommes ou femmes, en sortirent comme d'un lieu
pestifere, et s'eloignerent en hate. Dans le Palais Riant, il n'y eut
que Fausta et sa suivante Myrthis.
La nuit venue, Pardaillan, selon sa promesse, se presenta a la petite
porte du passage, et fut introduit par Myrthis. Seulement, cette fois,
on lui fit monter un escalier derobe, et on le conduisit au premier
etage.
XLI
FIN DU PALAIS RIANT
--Madame, dit Pardaillan lorsqu'il fut en presence de Fausta, je vous
dois une explication aussi franche que celles que nous avons eues deja
a diverses reprises. Je commence par vous dire ceci: demain matin, je
reprendrai la route de France. Maintenant, j'ajoute: pendant ces trois
jours, je me suis interroge en toute conscience a l'egard des offres
que vous avez bien voulu me faire, et a toutes mes questions je me suis
repondu: non. Je suis venu a vous parce qu'il m'avait semble sur le pont
de Blois, d'abord, et ensuite chez ces pecheurs de la Loire a qui
vous fites un si magnifique present, il m'avait semble, dis-je, qu'un
bouleversement s'etait fait en vous, et qu'un rayon de lumiere avait
enfin penetre les tenebres de cette ame que je ne comprends pas. J'ai
mal vu. J'ai mal pense. J'ai conclu a tort que j'avais sans doute une
influence sur votre esprit, et que, vous ramenant fraternellement a la
bonte, je pouvais eviter bien des malheurs a vous-meme et a d'autres.
Non, je n'irai pas au chateau de Saint-Ange pour m'emparer de Sixte.
Non, je ne commanderai pas vos deux mille reitres pour tenir Rome sous
votre pouvoir. Non, je ne serai pas le chef de l'armee que vous comptez
rassembler. Et, les raisons, les voici: j'ai horreur, madame, de ces
gens qui se mettent a la tete de cinquante ou soixante mille hommes
pour piller, tuer, ravager, incendier, traverser des contrees comme des
meteores apres le passage desquels il n'y a plus que d
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