t ni les hommes ne vous manqueront pour mener a bien
cette tentative. Vous parait-elle possible?
--Tout est possible, madame.
--Bien, dit Fausta, dont l'oeil s'illumina d'un eclair. Une fois Sixte
pris, avec mes deux mille reitres, vous tenez Rome, et, moi, je prends
possession du Vatican. Les amis dont je vous parlais se rallient alors,
et m'amenent chacun leur contingent: au bout d'un mois, nous avons dans
la campagne romaine une armee que j'evalue a trente mille fantassins,
quinze mille cavaliers et quarante canons. Avec cette armee, chevalier,
je puis rentrer en France et y prendre une decisive revanche... mais, a
cette armee, il faut un chef. Ce chef, je l'ai trouve: c'est vous... Que
dites-vous de cela?
--Je dis, madame, que tout est possible, repeta Pardaillan, mais, cette
fois, avec une si visible froideur que Fausta se sentit mordue au coeur
par un doute effroyable.
Elle demeura quelques instants plongee dans une sombre reverie. Puis,
lentement, elle reprit:
--Tout cet echafaudage est bati sur un sentiment...
"Nous y voici, attention!" songea Pardaillan.
Fausta se leva. Elle tremblait legerement. Elle etait pale. Enfin,
prenant une soudaine decision:
--Chevalier, dit-elle, tout depend de la reponse que vous devez me
faire. Cette reponse, je ne la veux pas tout de suite. Revenez dans
trois jours et je parlerai. Si vous dites oui, mon triomphe et le votre
sont assures. Si vous dites non, vous reprendrez le chemin de la France,
et nous serons a jamais separes... oh! taisez-vous, maintenant... trois
jours... encore trois jours de reve...
Elle allait se laisser entrainer. Elle se domina et, plus froidement,
ajouta:
--J'ai besoin de ces trois jours pour prendre mes dernieres
dispositions. Vous en avez besoin, vous, pour reflechir avant de vous
engager... dans trois jours, au moment de la nuit, chevalier... adieu!
A ces mots, elle disparut derriere une tenture, et Pardaillan vit entrer
Myrthis, qui lui fit signe de la suivre. Il obeit, etourdi de ce qu'il
venait d'entendre. Quelques minutes plus tard, il etait dans la rue et
regagnait l'auberge du Franc-Parisien.
"Que diable suis-je venu faire ici? murmura-t-il quand il fut seul et
enferme dans sa chambre. La tigresse est restee tigresse. J'aurais du
m'en douter... Trois jours! Je ferais bien de les mettre a profit pour
prendre du champ... Bah! j'aurais l'air de fuir!..."
Cependant, Fausta s'etait jetee sur un lit de repos, et, la tete enf
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