rmes a la fois delicates et empreintes de majeste: c'etait un
portrait de Lucrece Borgia... l'aieule de Fausta. Comme il revait devant
l'image de cette fille de pape, il entendit derriere lui un leger bruit
se retourna, et, dans l'encadrement de velours d'une portiere, il vit
une jeune femme qui le contemplait; et c'etait la meme beaute fatale,
les memes yeux de mystere que la femme du tableau,..
--Vous regardez mon aieule? dit Fausta en s'avancant alors, sans autre
bienvenue qu'une legere inclination de la tete. Par d'autres voies que
les miennes, par des moyens plus surs, elle a pu, pendant quelques
annees, realiser mon reve. Quelle vie enivrante c'eut ete la, si
j'avais pu, moi aussi, monter au faite de la puissance, et si, sous la
protection d'une epee invincible, d'un homme fort et brave entre les
hommes, j'habitais ce palais en souveraine redoutee, non en proscrite
qui se cache!...
Fausta avait pris place dans un fauteuil et, d'un signe, avait invite
Pardaillan a s'asseoir egalement.
--Madame, dit le chevalier, il me semblait que les terribles experiences
que vous venez de faire au-dela des Alpes avaient du pour toujours
arracher de votre pensee ce levain d'ambition qui vous ronge et vous
tuera. A quoi bon se tant demener pour dominer, c'est-a-dire pour faire
le malheur des autres? Je m'arrete, madame: j'aurais l'air de precher.
De tout ce que vous venez de dire, je ne veux donc retenir qu'une chose:
c'est que vous etes ici, vous cachant, et proscrite... Je croyais que
vous aviez fait votre paix avec Sixte?
Fausta secoua la tete avec une amertume desesperee.
--Entre Sixte et moi, dit-elle, c'est un duel a mort. J'ai cru un moment
que tout etait fini. Mais, en mettant le pied sur la terre d'Italie,
j'ai compris que< j'etais toujours la petite-fille de Lucrece, et que
je ne pouvais rien oublier. Vaincue, soit, je l'ai ete! Vaincue surtout
parce que vous vous etes trouve sur mon chemin... Mais si vous n'etiez
plus contre moi! Si vous etiez avec moi! Oh! je recommencerais la
lutte... et, cette fois, je serais victorieuse...
Fausta s'arreta un instant, comme pour attendre un mot, un signe
d'approbation. Mais Pardaillan demeura glacial.
--Quant a Sixte, reprit Fausta, meme si j'avais pour toujours renonce a
la lutte, il n'aurait pas, lui, renonce a sa vengeance. Vous etes-vous
demande pourquoi je ne vous ai pas attendu a Florence?
--Je ne me suis rien demande, madame, vous m'attendiez a Rome, je suis
ve
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