fois reconnaissant. On a arrete
l'autre jour, dans l'hotel de la signora Fausta, deux pauvres filles qui
n'y doivent rien comprendre. Je voudrais obtenir leur liberte...
--Dans une heure, elles seront libres, dit Crillon.
--Merci. Voulez-vous avoir l'obligeance de leur dire qu'on les attend a
Orleans, elles savent ou...
--Ce sera fait, dit Crillon. Mais vous, mon digne ami, prenez garde a
Larchant.
--Bah! Il veut donc etre eclope des deux jambes?...
--D'ailleurs, reprit Crillon, Sa Majeste vous protegerait au besoin.
Venez, je vais vous presenter...
--Pourquoi faire?...
--Mais, fit Crillon stupefait, parce que le roi veut vous voir et
recompenser celui qui...
--Oui, mais, moi, je ne veux pas voir le Valois. Il a une triste figure.
Monsieur de Crillon, si on vous parle de moi, rendez-moi le service de
dire que vous ne m'avez pas vu.
--Soit! fit Crillon ebahi.
Ils se serrerent la main, et Pardaillan gagna tranquillement l'interieur
de la ville, ou regnait un grand silence.
Pardaillan se dirigeait vers l'auberge du Chateau ou on se rappelle
qu'il avait loge. Il y chercha Jacques Clement, et ne l'y trouva pas.
--Bon! pensa-t-il, il sera parti pour Paris...
Et il reprit la chambre qu'il avait occupee precedemment, avec l'idee de
se remettre en route apres deux jours de halte.
Pardaillan se donnait a lui-meme comme pretexte qu'il avait besoin
de repos. En realite, il avait surtout besoin de reflechir, de se
retrouver, de voir clair en lui-meme et de prendre une decision d'ou il
sentait que sa vie a venir allait dependre.
En ce jour, Pardaillan apprit que la duchesse de Montpensier avait pu
fuir, que le duc de Mayenne s'etait egalement echappe de Blois, ainsi
que tous les seigneurs de marque qui avaient afflue dans la ville au
moment des etats generaux. Ainsi, Henri III n'avait pas profite de sa
victoire.
Seul, le cardinal de Guise avait succombe; il avait ete larde de coups
de poignard le jour meme ou Pardaillan rentra dans Blois.
Le surlendemain de sa rentree a Blois, Pardaillan apprit que le roi
etait parti pour Amboise.
Pardaillan, lui, apres s'etre promis de partir au bout de quarante
heures, resta. D'abord parce qu'il etait indecis, irresolu, et
qu'il ecartait de sa pensee ce point d'interrogation formidable qui
l'obsedait:
--Irai-je ou n'irai-je pas a Florence?
Quelques jours s'ecoulerent. La fin de l'annee se passa dans une
tranquillite relative. Cependant, on apprit, le
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