te de sa mort, au moment
ou la pauvre petite avait, dans un dernier effort, jete ses bras autour
de son cou et avait fixe sur lui ses yeux desesperes et radieux...
contenant tout le rayonnement de l'amour le plus pur et tout le
desespoir de l'eternelle separation...
Et, maintenant, l'assassin de Loise gisait a ses pieds. Maurevert etait
mort!...
Alors, il sembla a Pardaillan qu'il n'avait plus rien a faire dans
la vie. Mortes ses amours, mortes ses haines, il se voyait seul,
affreusement seul, n'ayant plus rien pour le soutenir...
Un instant, l'image de Fausta passa devant ses yeux, mais, cette image,
il la regarda passer avec une morne indifference. Puis, ce fut Violetta,
le petit duc d'Angouleme, et quelque chose comme un triste sourire erra
sur ses levres...
Puis, ce fut le doux visage de Huguette, de la bonne hotesse, et
Pardaillan murmura:
--La, peut-etre, trouverai-je reellement la pierre ou le voyageur repose
sa tete fatiguee...
Le pas alourdi d'un bucheron le tira de sa reverie.
Il se reveilla, se secoua, et appelant le bucheron, le pria de lui
preter sa pioche, et lui offrit un ecu en recompense. Le bucheron,
apercevant le cadavre, obeit en tremblant. Pardaillan creusa une fosse
dans la terre dure de gelee. Quand elle fut assez profonde, il y placa
le cadavre de son ennemi, le recouvrit avec la couverture de selle du
cheval de Maurevert; puis il combla la fosse et rendit la pioche au
bucheron, qui lui dit:
--Ce cheval est fourbu... Puis-je le prendre?
--Oui, dit Pardaillan, car son cavalier n'en a plus besoin.
Il se dirigea alors vers son propre cheval, que cette halte prolongee
avait repose; il passa la bride sous son bras; et, a pied, suivi par la
bete, suivit la route; une lieue plus loin, il se remit en selle et,
d'un temps de trot, gagna Chateaudun.
Il s'arreta dans une bonne auberge et y passa la nuit.
Le lendemain matin, etant remonte a cheval, il reprit le chemin de
Blois, ou la premiere figure qu'il vit en entrant fut celle de Crillon,
le brave Crillon, occupe a refouler une foule de bourgeois qui criaient
a tue-tete:
--Mort a Valois! Vengeons notre duc!...
--Eh! monsieur de Crillon! cria Pardaillan lorsqu'il vit que la besogne
etait terminee et que la rue etait libre.
Crillon apercut Pardaillan et, poussant vers lui son cheval, lui tendit
la main.
--J'ai un service a vous demander, fit Pardaillan.
--Dix, si vous voulez!
--Un suffira, mais je vous en serai dix
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