e accumulee, la rage des
terreurs passees, la vue du sang dechainerent en ces hommes l'esprit des
tigres qui s'acharnent sur la proie. Guise n'etait plus qu'un cadavre.
Et toujours ils frappaient...
Puis, ceux du salon, ceux de la chambre du roi accoururent. Ce fut une
effroyable melee d'insultes, de hurlements, un bondissement de demons,
une ruee fantastique sur le cadavre. Et tous avaient du sang aux mains
et au visage. Ils le trainerent dans l'antichambre.
Le roi sortit, le contempla un instant et murmura:
--Comme il est grand!... Mort, il apparait plus grand que lorsqu'il
vivait...
Brusquement, il posa son pied sur la tete du cadavre et dit:
--Maintenant, je suis seul roi de France!...
Pendant ce temps, Catherine de Medicis ralait dans son lit, agonisante,
comme si elle n'eut attendu que ce dernier coup de son effroyable genie
pour mourir...
Pardaillan, avons-nous dit, avait remonte l'escalier. Sans se soucier
du tumulte qui se dechainait dans le chateau, il montait sans hate, et,
bientot, il parvint a sa chambre. Tout droit, sans s'arreter, il alla a
la porte qui faisait communiquer cette chambre et passa dans la piece
voisine.
La, sur le lit, un homme etait etendu, baillonne, garrotte, dans
l'impossibilite de faire un mouvement. C'etait Maurevert.
Pardaillan delia les jambes d'abord, puis les bras de Maurevert. Puis il
lui retira son baillon.
--Levez-vous, dit Pardaillan.
Maurevert obeit. Il tremblait de tous ses membres. Pardaillan etait
etrangement calme. Mais sa voix fremissait, et un frisson, par moments,
passait sur son visage. Il tira son poignard et le montra a Maurevert.
--Grace! dit celui-ci d'une voix si faible qu'a peine on l'entendait.
--Donnez-moi le bras, dit Pardaillan.
Et, comme Maurevert, dans le vertige de l'epouvante, ne bougeait pas, il
lui prit le bras et le mit sous son bras gauche. De la main droite,
il tenait son poignard sous son manteau qu'il venait de jeter sur ses
epaules.
--La, dit-il alors. Maintenant, suivez-moi. Et pas un mot, pas un geste!
C'est dans votre interet.
Et il lui montra la pointe de sa dague. Maurevert fit signe qu'il
obeirait. Pardaillan se mit en marche, trainant Maurevert.
Il se mit a descendre, mais, cette fois, par le grand escalier. Le
chateau etait plein de rumeurs sauvages. Dans ce tumulte, Pardaillan et
Maurevert, enlaces, passerent comme des spectres.
Dans la cour carree, Maurevert eut un commencement de mouvement.
Par
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