ez-moi vous
dire qu'en venant ici j'avais un double but. D'abord vous dire que vous
ne serez pas reine. Ensuite, madame, au chateau, j'ai vu arreter, sous
mes yeux, le cardinal de Guise, et M. d'Essignac, et M. de Bourbon, et
d'autres. Et j'ai entendu le cardinal de Guise crier a M. d'Aumont qui
l'arretait: "C'est une trahison de la Fausta..." J'ai pense, madame,
qu'on viendrait vous saisir, vous aussi, et, cette epee qui a brise
votre royaume, je me suis dit que je devais la mettre au service de
votre vie et de votre liberte. Car vous etes jeune et belle. Vous
pouvez, vous devez vous refaire une existence, et, si vous n'avez pas
trouve le pouvoir, peut-etre trouverez-vous le bonheur. A une lieue
de Blois, j'ai prepare deux chevaux, un pour vous, un pour quelque
serviteur qui vous accompagnera. Hatez-vous de me suivre, tandis qu'il
en est encore temps...
A mesure que Pardaillan parlait, les passions dechainees dans l'ame de
Fausta prenaient un autre cours. Avec l'extraordinaire promptitude
de decision qui la rendait si superieure, elle prenait son parti de
l'abominable aventure. Elle s'apaisait. Elle rayait Guise de son esprit,
et la souverainete de ses esperances.
Il ne serait pas juste de dire que la passion pour Pardaillan se
reveillait, car, en realite, elle n'avait jamais cesse de l'aimer. Mais
qui savait s'il ne l'aimait pas, lui, a present?... Qui savait si
ce n'etait pas une jalousie inavouee qui avait arme son bras contre
Guise?...
Ainsi, une esperance nouvelle battait des ailes, eperdument, dans
l'imagination de Fausta... Tout a coup, des coups sourds ebranlerent la
porte du vieil hotel.
Elle bondit vers l'une des fenetres qui donnaient sur la cour
interieure. En quelques instants, la porte ceda et une troupe nombreuse
envahit la cour, sous la conduite du capitaine Larchant qui cria:
--Qu'on fouille cet hotel, et qu'on arrete tout ce qui s'y trouve,
hommes et femmes!
Fausta s'elanca vers le chevalier, saisit ses deux mains, et, d'une voix
ardente, murmura:
--Tout a l'heure, je voulais mourir. Maintenant, je veux vivre encore!
Pardaillan, sauvez-moi!...
--Moi vivant, nul ne portera la main sur vous, dit Pardaillan.
Mais, ces paroles, il les prononca avec une si glaciale froideur qu'elle
sentit le desespoir l'envahir.
--Pouvez-vous monter a cheval? demanda-t-il.
--Je suis prete!
--Ou trouverai-je des chevaux?
--Dans l'angle gauche de la cour et de l'ecurie. Il y a quatre chevaux
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