pres le meurtre du
roi, c'est-a-dire dans la nuit meme, ils marcheraient sur Beaugency,
Orleans et, de la, sur Paris. Ce devait etre une marche triomphante,
pendant laquelle le duc de Guise devait proclamer ses droits a la
couronne.
A Paris devait avoir lieu le couronnement, et Guise devait, dans
Notre-Dame, presenter Fausta comme la reine de France.
Tout a coup, des bruits confus parvinrent jusqu'a elle. Et, d'abord,
elle n'y preta pas attention, car les bourgeois criaient souvent par
les rues. Puis, brusquement, elle se dressa. Des coups d'arquebuse
eclataient. Elle entendait des pietinements de chevaux, des cris de
terreur, des hurlements de bataille. Une sueur froide pointa a son
front. Que se passait-il? Haletante, pale comme une morte, a demi
penchee, elle ecoutait ces bruits de dehors; des paroles lui
parvenaient, qui confirmaient la supposition atroce...
Pres de deux heures s'ecoulerent. Les bruits, peu a peu,
s'eloignaient... Fausta frappa fortement sur un timbre et un laquais
apparut. Et, comme elle allait lui donner l'ordre de s'enquerir de la
cause de ces bruits qui agitaient la ville, le laquais lui dit:
--Madame, un gentilhomme est la, qui ne veut pas dire son nom et veut
parler a Votre Seigneurie.
--Qu'il entre!
Au meme instant, Pardaillan entra dans le salon. Fausta fut secouee
d'une sorte de frisson nerveux et fixa sur lui des yeux exorbites par
une indicible epouvante. Elle voulut pousser un cri, et sa bouche
demeura entrouverte, sans proferer aucun son.
Pardaillan s'approcha d'elle, le chapeau a la main, s'inclina
profondement et dit:
--Madame, j'ai l'honneur de vous annoncer que je viens de tuer M. le duc
de Guise...
Un soupir atroce gonfla la poitrine de Fausta. Elle se sentait mourir.
Pardaillan vivant! Elle revait... C'etait un reve hideux, inconcevable,
mais ce n'etait qu'un reve... Surement elle allait se reveiller!
--Madame, continua Pardaillan, il m'a paru que c'etait une legitime
satisfaction que je me donnais a moi-meme en venant vous annoncer ce que
j'ai fait. Je vous avais prevenu jadis, que, moi vivant. Guise ne serait
pas roi, et que vous ne seriez pas reine.
Un sourd gemissement s'echappa des levres blemes de Fausta et elle put
murmurer:
--Pardaillan!
--Moi-meme, madame. Je concois votre etonnement, puisque, apres, avoir
voulu m'assassiner un certain nombre de fois, vous m'avez livre aux gens
de Guise le jour meme ou je vous arrachais aux griffes de Sixte.
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