st bien de faire voir, et
qu'a l'historien de la nature aussi bien qu'a l'historien des hommes
s'applique le _scribitur ad narrandum_. Et comme en meme temps il est
homme a idees, et infiniment ingenieux et fecond en inventions de
theories, il sera, grace a ces principes, tres a l'aise dans son office
de theoricien; car chacune de ses theories ne sera qu'une _vue_, qu'un
_apercu_, qu'une maniere de presenter des files ou des ensembles de
faits sous un certain jour, qu'une facon plutot de les eclairer que de
les expliquer. Il n'a jamais ni pretendu ni vise a davantage.
Et si, pour mesurer la force systematique de cet esprit, on veut se
representer sommairement la plus vaste et la plus generale de ses vues
de l'univers, en voici a peu pres le resume.
La matiere existe, d'eternite nous n'en savons rien, et comme de ceci il
ne pourrait y avoir que des preuves metaphysiques, nous n'avons pas
a nous le demander; mais elle existe, ici les preuves materielles
s'offrent, depuis beaucoup de milliers d'annees.--Deux forces
universelles la gouvernent: une force d'attraction, une force
d'expansion, cette derniere tres probablement effet elle-meme, effet
indirect, effet par reaction, de la premiere.--Il y a deux sortes de
matiere, l'une qu'on peut appeler matiere morte, et qui n'est soumise
qu'a la force attractive; l'autre qu'on peut appeler la matiere vivante,
ou organique, qui est soumise et a la force attractive et a la force
d'expansion. Ce qui est matiere morte est nomme mineral, ce qui est
matiere vivante est nomme vegetal ou animal.--La planete que nous
habitons est un globe de matiere vitrescible, encroute de sediments
calcaires provenant en partie d'etres vivants, recouverts eux-memes
presque partout de detritus vegetaux, dont se nourrissent les vegetaux
actuels, lesquels nourrissent soit directement, soit indirectement les
animaux, certains animaux mangeant les vegetaux eux-memes, certains
autres mangeant les animaux vegetariens.
Cette planete, comme toutes les autres du systeme solaire, s'est
probablement detachee du soleil, dans l'etat d'incandescence et de
fusion, comme une goutte de verre fondu lance dans l'espace. Elle
tourne, depuis sa separation, autour du soleil d'une part, et d'autre
part autour de son propre axe. Elle a ete tout entiere en fusion et
brulante; car elle l'est encore; et dans les idees de Buffon, la plus
grande, l'incomparablement plus grande partie de sa chaleur lui vient
d'elle-meme et non d
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