le mien du moins, de vouloir toujours
plus que ce qu'il a obtenu.
En accourant a Cassis, j'avais craint, mettant les choses au pire, que
Clotilde ne voulut plus me voir.
En meme temps, et d'un autre cote, j'avais espere que s'il n'y avait pas
rupture complete, il y aurait engagement formel de sa part.
Rien de cela ne s'etait accompli, ni rupture, ni engagement; les
craintes comme les esperances avaient ete au dela de la realite.
Le present restait ce qu'avait ete le passe; mais que serait l'avenir?
C'etait ce point pour moi gros d'angoisses que je voulais eclairer, en
obligeant Clotilde a une reponse precise, en la forcant a sortir de ses
reponses vagues qui permettaient toutes les esperances et n'affirmaient
rien.
Rendu exigeant par ce que j'avais deja obtenu, c'etait une affirmation
que je voulais maintenant.
Le jour ou j'aurais une position a lui offrir, voudrait-elle etre ma
femme; m'attendrait-elle jusque-la; ferait-elle ce credit a mon amour?
C'etaient la les questions que je voulais lui poser, et auxquelles je
voulais qu'elle repondit franchement, sans detours, sans equivoque, par
oui ou par non.
Le temps a marche depuis le moment ou je regardais le mariage comme
un malheur qui pouvait frapper mes amis, mais qui ne devait pas
m'atteindre. C'est qu'alors que je raisonnais ainsi, je n'aimais point,
j'etais insouciant de l'avenir, j'etais heureux du present, j'avais mon
pere, j'avais ma position d'officier, tandis que maintenant j'aime, je
n'ai plus mon pere, je ne suis plus rien et Clotilde est tout pour moi.
Cependant, malgre mon desir de prolonger mon sejour a Cassis, cela ne
fut pas possible.
--Vous savez que je ne veux pas vous renvoyer, me dit le general,
lorsque nous nous levames de table, mais je vous engage a partir pour
Marseille. Il vaut mieux voir tout de suite votre colonel que plus tard.
La premiere impression est celle qui nous decide. Faites-lui votre recit
avant que des rapports lui arrivent, et expliquez-lui vous-meme votre
affaire. Elle est bien assez grave comme cela sans la compliquer encore.
Quant a Solignac, il est entendu que je m'en charge; je vais lui ecrire
tout de suite.
--Je voudrais que M. de Solignac ne parut pas dans tout ceci.
--Pas de susceptibilite, mon cher ami; laissez-moi faire avec Solignac
ce que je crois utile et ne vous en melez en rien. J'agis pour moi, par
amitie pour vous, et arriere de vous. Vous ne cherchez pas un eclat,
n'est-ce pas? vous ne
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