les resultats que cette resolution amenera?
Il est evident que si cet examen nous permet de prendre la route qui
conduit au bien et d'eviter celle qui nous conduirait au mal, c'est le
plus merveilleux instrument, la plus utile boussole que la nature nous
ait mise aux mains. Mais si, au contraire, il n'a pas une influence
determinante sur notre direction, il n'a plus les memes qualites.
L'homme bien portant qui tombe ecrase sous un coup de tonnerre, n'a pas
l'agonie du malheureux poitrinaire qui, trois ans d'avance, est condamne
a une mort certaine et qui sait que, quoi qu'il fasse, il n'echappera
pas a son sort.
Le cas du poitrinaire a ete le mien: j'ai vu clairement, comme si je les
touchais du doigt, toutes les raisons qui me defendaient d'aller chez
M. de Solignac, et cependant j'y suis alle. Sachant d'avance a quels
dangers et a quels tourments ce diner m'exposerait, je n'ai pas eu la
force de resister a l'impulsion qui m'entrainait. Mon esprit me disait:
n'y va pas, et il me presentait mille raisons meilleures les unes que
les autres pour m'arreter. Mon coeur me disait: vas-y, et bien qu'il ne
motivat son ordre sur rien, c'est lui qui l'a emporte.
Un regard de Clotilde, lorsque j'entrai dans le salon, me paya
ma faiblesse et me fit oublier les angoisses de ces trois jours
d'incertitude.
--J'etais inquiete de vous, me dit-elle en me serrant la main, votre
lettre me faisait craindre de ne pas vous avoir.
--Jusqu'au dernier moment, j'ai craint moi-meme de ne pouvoir pas venir.
--Nous aurions ete desoles, dit M. de Solignac, intervenant, si vous
aviez ete empeche.
Nous etions entoures et nous ne pouvions, Clotilde et moi, echanger un
seul mot en particulier, mais les paroles etaient inutiles entre nous;
dans son regard et dans la pression de sa main il y avait tout un
discours.
J'etais curieux de voir le monde que Clotilde recevait; sortant du
cercle forme autour de la cheminee, j'allai m'asseoir sur un canape au
fond du salon.
Quelques personnes etaient arrivees avant moi; je pus les examiner
librement. Les deux dames assises aupres de Clotilde presentaient entre
elles un contraste frappant: l'une etait jeune et fort belle, mais avec
quelque chose de vulgaire dans la tournure, qui donnait une mediocre
idee de sa naissance et de son education; l'autre, au contraire, etait
laide et vieille, mais avec une physionomie ouverte, des manieres
discretes, une toilette de bon gout qui inspiraient sinon le
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