ditions qui vous sont offertes, j'en serai bien aise. Si votre
affaire reussit, il me sera agreable de recevoir de vous une fortune. Si
elle ne reussit pas, vous aurez par votre absence fait taire certains
bruits dont je m'effraye, et alors rien ne s'opposera plus a ce mariage
que vous ne pouvez pas desirer plus vivement que je ne le desire
moi-meme.
Engage dans ces termes, cet entretien, qui fut long, ne pouvait avoir
qu'un resultat: me decider a accepter les propositions de Poirier. Les
unes apres les autres, Clotilde combattit mes hesitations. Raison,
raillerie, tendresse, elle parla toutes les langues, et je dois le dire,
elle n'eut pas grand'peine a reduire au silence ma conscience troublee.
Je luttais plus par devoir que par conviction et je combattais pour
pouvoir me dire que j'avais combattu. Ma miserable resistance etait
celle de la femme entrainee par sa passion qui dit "non" des levres et
"oui" du coeur.
--Je sais, dit-elle, lorsque je la quittai, tard, dans la nuit, ce que
sont les doutes qui nous torturent dans la separation. Au Mexique, loin
de moi, ne recevant pas les lettres que tu attendras, ton esprit jaloux
s'inquietera peut-etre et se forgera des chimeres qui te tourmenteront.
Il faut alors que tu retrouves au fond de ton coeur des souvenirs qui
te rassurent mieux que des paroles certaines: Je te jure donc qu'a ton
retour, que ce soit dans trois mois, que ce soit dans un an, tu me
retrouveras t'aimant comme je t'aime aujourd'hui, comme je t'aime depuis
que nous nous sommes vus pour la premiere fois.
--Ma femme?
--Oui, ta femme.
Le lendemain matin j'etais chez Poirier pour lui annoncer mon
acceptation.
--Du moment que vous ne me refusiez pas au premier mot, me dit-il avec
un sourire railleur, j'etais certain d'avance de la reponse que vous me
feriez aujourd'hui. C'est pour cela que je vous ai donne sans inquietude
le temps de la reflexion et du conseil.
Il dit ce dernier mot en le soulignant.
--Maintenant, continua-t-il, il ne reste plus qu'a arranger votre
depart; le plus tot sera le mieux. Je me suis occupe de l'ingenieur que
je dois vous adjoindre et je l'attends. Avant qu'il arrive, je dois vous
dire que vous serez le veritable chef de l'expedition; c'est a vous
qu'il aura affaire et non a moi; c'est en vous seul que je mets ma
confiance. Je ne veux de lui que des rapports techniques. Pour vous,
naturellement, vous m'adresserez tous les rapports que vous jugerez
utiles. Cependan
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