nt les diamants et les pierres
precieuses, il en etait tout autrement. Des recherches nous firent
trouver, il est vrai, des diamants au grand etonnement de mon ingenieur,
qui soutenait qu'on ne pouvait pas en rencontrer dans des terrains de
cette nature. Mais des recherches d'un autre genre, que je fus assez
heureux pour diriger et mener a bonne fin, m'apprirent que nous avions
failli etre victimes d'une curieuse escroquerie. Ces terrains avaient
ete _sales_, c'est-a-dire qu'on y avait seme des diamants provenant de
l'Afrique meridionale, et cette operation du _salage_ avait ete importee
de la Californie au Mexique pour nous vendre des terres qui n'avaient
aucune valeur. En Californie, en effet, on ensemence souvent les
_claims_ de pepites d'or avant de les vendre aux mineurs qui, alleches
par ces pepites, ne trouvent plus rien quand ils se mettent au travail.
Nous etions tout a la joie de cette decouverte et en plein dans
l'organisation de nos mines d'argent, lorsque nous fumes rappeles a
Vera-Cruz par l'arrivee de l'expedition francaise. Il fallait arreter
notre entreprise au moment ou elle allait reussir.
Je croyais pouvoir revenir en France, mais a Vera-Cruz je trouvai une
lettre de Poirier qui me disait de rester au Mexique pour etre a meme de
reprendre notre affaire au moment ou un arrangement surviendrait entre
le Mexique et les allies. Puis, pour que je pusse defendre nos interets,
Poirier m'apprenait qu'il m'avait fait accepter comme "attache
militaire" par le general Prim.
Comment du general Prim suis-je passe a l'etat-major francais? autant
demander comment le bras suit la main qui a ete prise dans un engrenage,
et comment le corps tout entier passe ou a passe la main.
Ce qu'il y a de certain, c'est que, venu au Mexique pour y surveiller
une affaire, je suis de pas en pas arrive a rentrer dans l'armee.
Ce n'etait vraiment pas la peine d'en sortir franchement il y a dix ans,
pour y rentrer maintenant par la petite porte et la tete basse.
LIX
Rentre dans les rangs de l'armee, j'avais hate de reprendre un service
actif.
Jouer le role de comparse ou de confident dans les negociations ne
pouvait pas me convenir; j'avais vu de pres les intrigues des premiers
mois de l'occupation et un tel spectacle n'etait pas fait pour
m'encourager.
Je connais peu l'histoire de la diplomatie, mais je crois qu'on y
trouverait difficilement l'equivalent de ce qui s'est passe au Mexique
depuis le debarquement
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