FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   284   285   286   287   288   289   290   291   292   >>  
is ecrit sous l'oeil meme des vainqueurs: "Werder assassin." Parti de Versailles des le matin je devais passer par Marly, Saint-Germain, Maisons, Argenteuil, Saint-Denis pour prendre a Pantin le chemin de fer qui m'amenerait a Nogent, et j'esperais, en me hatant, qu'il ne me faudrait pas plus d'une bonne journee pour faire cette route, mais comme je n'arrivai a Saint-Denis qu'apres le soleil couche, il me fut impossible de trouver une voiture, et je dus me decider a passer la nuit dans un pauvre hotel pres de la gare. Bien qu'il ne fut guere attrayant ni meme engageant, il etait si bien rempli de Parisiens attendant la naivement le moment de rentrer chez eux, qu'on ne put me donner qu'un cabinet noir, sans fenetre, sous les toits, et dans la salle a manger qu'une place a une petite table de cafe deja occupee. Mon vis-a-vis etait un homme de cinquante ans environ, de grande taille, au visage fin, a l'air distingue et de tournure militaire. Comme je le regardais, curieusement surpris du contraste qu'il presentait avec les gens dont nous etions environnes, il m'examinait aussi. --Nous n'avons pas trop l'air d'etre dans le meme commerce que ces pistolets-la, me dit-il en souriant. Nos noms furent bientot echanges. Le hasard voulut qu'il connut le mien. Le sien etait celui d'un officier de l'aristocratie demissionnant au coup d'Etat, dans des conditions qui avaient frappe l'attention publique, et apres etre rentre dans l'armee au moment de la guerre du Mexique s'etait signale de telle sorte que, pendant plusieurs annees, ce nom avait rempli les journaux. On n'est pas romancier si l'on ne sait pas ecouter. J'aurais bien voulu savoir ce qu'il faisait alors a Saint-Denis, et ce qu'il attendait dans cet hotel. Mais ce ne fut pas de cela qu'il me parla: ce fut de sa sortie de l'armee et de ses luttes de conscience a ce moment, ce fut aussi du Mexique. Notre soiree se passa: lui a parler, moi a ecouter, pendant qu'autour de Paris, au sud et a l'ouest, une de ces fusillades folles comme il y en eut plusieurs sous la Commune, emplissait le ciel d'eclairs fulgurants que nous suivions sur les eaux noires du canal au bord duquel nous nous promenions: l'orage le plus terrible n'eut pas mieux enflamme le ciel et les eaux. Ce fut la, sous cette impression si forte et si poignante de la guerre civile, que me vint l'idee de ce roman qui parut dans l'_Opinion nationale_ sous le titre: _Le Roman d'une Conscience_,
PREV.   NEXT  
|<   284   285   286   287   288   289   290   291   292   >>  



Top keywords:

moment

 

ecouter

 

guerre

 

rempli

 
pendant
 

plusieurs

 

Mexique

 

passer

 
connut
 

journaux


bientot
 
savoir
 

echanges

 

aurais

 

voulut

 

hasard

 

romancier

 

annees

 

conditions

 

avaient


frappe
 

publique

 

faisait

 

attention

 

signale

 

rentre

 
officier
 
aristocratie
 

demissionnant

 
parler

promenions

 

terrible

 
enflamme
 

duquel

 

suivions

 
fulgurants
 
noires
 

impression

 

nationale

 

Opinion


Conscience

 

poignante

 

civile

 
eclairs
 

emplissait

 
luttes
 

conscience

 

soiree

 

sortie

 
attendait