ue j'avais ete
frappe de quatre coups de fusil; les journaux avaient raconte cette
histoire et enregistre ma mort. Ma lettre, ecrite a mon entree a
l'hopital de Puebla, n'etait pas parvenue a Poirier, et c'etait
seulement a celle qui datait des premiers jours de ma convalescence
qu'il repondait.
Ce que Poirier avait pu faire etait possible pour Clotilde. Pourquoi ne
m'avait-elle pas repondu? Me croyait-elle mort? La pauvre femme, comme
elle devait souffrir!
Dans sa lettre, Poirier me disait que si l'on me rendait la liberte
comme j'en avais manifeste l'esperance, je ferais bien de rester au
Mexique pour etre a meme de surveiller nos interets; et il insistait
vivement sur la necessite de ne pas rentrer en France.
Mais je ne pouvais pas obeir a de pareilles instructions; l'angoisse que
me causait le silence de Clotilde m'eut bien vite renvoye a l'hopital;
Orizaba au lieu de Puebla, un major au lieu d'un medecin mexicain, toute
la difference eut ete la. D'ailleurs les medecins exigeaient que je
retournasse en France, et de ce retour ils faisaient une question de vie
ou de mort pour moi.
Ils n'eurent pas besoin d'insister; je partis aussitot pour Vera-Cruz ou
je m'embarquai sur le paquebot de Saint-Nazaire.
Les vingt-cinq jours de traversee me parurent terriblement longs, mais
ils me furent salutaires; l'air fortifiant de la mer me retablit tout
a fait; quand j'apercus les signaux de Belle-Isle, il me sembla que je
n'avais jamais ete malade et que j'avais vingt ans.
En touchant le quai de Saint-Nazaire, je courus au telegraphe et
j'envoyai une depeche a Clotilde pour lui dire que j'arrivais en France
et que je serais a Paris a neuf heures du soir.
A chaque station je m'impatientai contre le mecanicien qui perdait du
temps; les chefs de gare, les employes, les voyageurs etaient d'une
lenteur desesperante: nous aurions plus d'une heure de retard. A neuf
heures precises cependant nous entrames dans la gare d'Orleans: Clotilde
n'aurait pas a attendre.
Je me dirigeai rapidement vers la sortie, mais tout a coup je m'arretai:
une femme s'avancait au-devant de moi. A la demarche, il me sembla que
c'etait Clotilde; mais un voile epais lui cachait le visage. Ce n'etait
pas elle assurement. Elle m'attendait chez elle et non dans cette gare.
Elle avait continue de s'avancer et je me m'etais remis en marche. Nous
nous joignimes. Elle s'arreta et vivement elle me prit le bras. Elle,
c'etait elle!
Un eclair traversa m
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