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parcouru. Le gouvernement imperial, apres avoir fait la guerre de Crimee pour rehabiliter l'armee et noyer dans la gloire militaire les souvenirs de Decembre, avait entrepris la guerre d'Italie. Le hasard m'avait fait traverser la rue de Rivoli au moment ou l'empereur, sortant des Tuileries, se dirigeait vers la gare de Lyon pour aller prendre le commandement des troupes. J'avais accompagne son cortege et j'avais vu l'enthousiasme de la foule. Assis dans une caleche decouverte, ayant l'imperatrice pres de lui, il avait ete acclame sur tout son passage. En petite tenue de general de division, il saluait le peuple, et jamais souverain, je crois, n'a recueilli plus d'applaudissements. Les maisons etaient pavoisees de drapeaux francais et de drapeaux sardes, et tous les coeurs paraissaient unis dans une meme pensee d'esperance et de confiance: l'armee de la France allait affranchir un peuple. La rue Saint-Antoine, la place de la Bastille que j'avais vues pendant les journees de Decembre mornes et ensanglantees, etaient encombrees d'une population enthousiaste qui battait des mains et qui, du balcon, des fenetres, du haut des toits, acclamait de ses cris et de ses saluts celui qui, quelques annees auparavant, l'avait fait mitrailler. Comme ces souvenirs de Decembre etaient loin! Qui se les rappelait en cette belle soiree de mai, si ce n'est Napoleon lui-meme peut-etre, et aussi sans doute quelques-uns de ceux qui avaient ete ecrases par le coup d'Etat et rejetes en dehors de la vie de leur pays? J'avais suivi les incidents de cette guerre avec un poignant interet, non-seulement comme un Francais qui pense a sa patrie, mais encore comme un soldat qui est de coeur avec son ancien regiment: les sabres brillaient au soleil, on sonnait la charge, la poudre parlait, et moi, dans mon atelier, courbe sur mon papier blanc, je maniais le crayon. J'avoue que plus d'une fois, pendant cette campagne, en lisant les bulletins de Palestro, de Turbigo, de Magenta, de Melegnano, j'eus des moments cruels de doute. Plus d'une fois le journal m'echappa des mains et je restai pendant de longues heures plonge dans des reflexions douloureuses. Qui avait eu raison? Mes camarades qui etaient restes a l'armee, ou moi qui l'avais quittee? Ils se battaient pour la liberte d'une nation, ils etaient a la gloire, et moi j'interrogeais ma conscience, ne sachant meme pas ou etait le bien et ou etait le mal. La France avait absous l'homme du
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