lle position il occupe.
--Il ne faut pas s'exagerer l'importance de cette position; ce n'est pas
parce que M. de Solignac est malade, que l'Etat est en danger ou que la
Bourse va baisser.
--La Bourse, non, c'est-a-dire la Rente, mais les affaires dont M.
de Solignac est le fondateur? C'est la ce qui donne une veritable
importance a cette nouvelle. La mort de M. de Solignac peut ruiner bien
des gens, car il est l'ame de ses entreprises. Excellentes tant qu'il
les dirige, ces entreprises peuvent devenir mauvaises le jour ou il ne
sera plus la. Vous voyez donc que, sachant la maladie de M. de Solignac,
il nous est impossible de n'en pas parler. On ne fait pas un journal
pour soi, on le fait pour le public, et c'est un devoir d'apprendre
au public tout ce qui peut l'interesser. La maladie de M. de Solignac
l'interesse, je la lui annonce.
J'insistai; il ne se laissa point toucher.
--Le redacteur en chef est absent pour le moment, me dit-il en maniere
de conclusion; je pense qu'il va rentrer avant la mise en pages; vous
lui expliquerez votre demande, et s'il consent a supprimer la nouvelle,
ce sera bien.
--Et s'il ne rentre pas?
--Je la publierai.
J'attendis. Rentrerait-il a temps, ou rentrerait-il trop tard?
--Si j'etais venu il y a deux heures, aurais-je trouve votre redacteur
en chef ici? demandai-je.
--Non monsieur; il n'est pas venu aujourd'hui.
Je respirai. Les minutes, les quarts d'heure s'ecoulerent. Le redacteur
en chef n'arrivait pas. Trois heures sonnerent, puis le quart, puis la
demie. Il ne viendrait pas. La nouvelle paraitrait.
--On va serrer la troisieme page, dit un gamin coiffe d'un chapeau de
papier.
--C'est celle ou se trouve le fait Solignac, me dit le secretaire de la
redaction.
Decidement Dieu le voulait. J'avais fait le possible.
A ce moment, la porte s'ouvrit.
--Voici le redacteur en chef, dit le secretaire. Et il expliqua a
celui-ci ce que je demandais.
--Vous tenez beaucoup a ce que cette nouvelle ne paraisse pas? me dit le
redacteur en chef.
--Je tiens a faire tout ce que je pourrai pour l'empecher.
--Eh bien! qu'on la supprime.
Il me fallut le remercier. Je tachai de le faire de bonne grace.
--Si vous voulez empecher cette nouvelle d'etre connue, me dit le
secretaire de la redaction, il faudrait voir Sebert; car il va la mettre
dans sa correspondance belge. Vous le trouverez au cafe du Vaudeville a
cinq heures.
J'attendis M. Sebert jusqu'a cinq heur
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