ue les joies de
l'interieur et du foyer.
Mais la naissance de Valentine changeait completement la situation. Il
fallait qu'elle eut un pere, une mere, une famille, la chere petite. Et
le mariage, qui pour nous n'etait pas rigoureusement exige, le devenait
pour elle; il fallait qu'elle fut notre fille, pour elle d'abord, et
aussi pour nous.
Arrive a cette conclusion, je me decidai a forcer le consentement de
Clotilde. Pour cela, je n'avais qu'un moyen, un seul, conquerir un nom
ou une fortune, et, ainsi arme, exiger ce qu'on ne m'offrait pas.
Malheureusement on ne conquiert pas un nom ou une fortune du jour au
lendemain: il faut des conditions particulieres, du temps, des occasions
et encore bien d'autres choses. J'examinai le possible, et apres avoir
reconnu que j'etais absolument incapable de faire fortune, je m'arretai
a l'idee de tacher de me faire un nom dans la guerre d'Amerique. Il me
sembla que pour un homme determine qui connaissait la guerre, il y avait
la des occasions de se distinguer: les Americains avaient besoin
de soldats, ils accueilleraient bien, sans doute, ceux qui se
presenteraient.
Sans doute, pour realiser cette idee, il me fallait quitter Clotilde,
quitter ma fille, mais c'etait un sacrifice necessaire, et, si
douloureux qu'il put etre, je ne devais pas hesiter a me l'imposer.
Avant de partir pour l'Amerique, je voulus m'y preparer un bon accueil
et m'entourer d'appuis et de recommandations, qui pouvaient m'etre
utiles. Pour cela, je songeai a m'adresser a mon ancien camarade
Poirier, qui, si souvent, m'avait fait des offres de service que je
n'avais pas pu accepter.
Devenu general, Poirier etait maintenant un personnage dans l'Etat; il
avait l'oreille et la confiance de son maitre et tout le monde comptait
avec lui; il pouvait a peu pres ce qu'il voulait. Pour ce que je
desirais obtenir, cette toute-puissance n'eut pas pu cependant m'etre
d'une grande utilite; mais il avait epouse une riche Americaine, et je
savais que la famille de sa femme jouissait d'une influence considerable
aux Etats-Unis.
Sans avoir entretenu des relations suivies, nous nous etions assez
souvent rencontres, et toujours il m'avait raille de ce qu'il appelait
"la fidelite de ma paresse;" dans les circonstances presentes, il
voudrait peut-etre m'aider a m'affranchir de cette "paresse."
Je lui ecrivis pour lui demander un rendez-vous; il me repondit aussitot
qu'il me recevrait le lendemain matin, entre neuf e
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