amant, rien de
plus.
J'avais quitte l'armee pour obeir a ma conscience. Mais depuis, dans
combien de luttes cette conscience, fiere autrefois, lache maintenant,
avait-elle succombe, entrainee par les faiblesses de la passion!
Et les unes apres les autres toutes ces faiblesses me revinrent. Chaque
fois, j'avais voulu resister et toujours j'avais succombe.
Sacrifie ton honneur au mien avait ete le mot que chaque jour _elle_
m'avait repete.
Quel role que le mien dans le monde parisien ou je n'etais plus
"Guillaume de Saint-Neree," mais seulement "l'amant de madame de
Solignac."
Mais la clarte du soleil levant dissipa les ombres de la reverie; je
quittai mes amis pour rentrer a Paris.
J'avais reve. Avec le jour ma vie reprenait son cours.
LIV
Il y a six jours, Clotilde, en descendant dans son jardin, me fit le
signal qui me disait que je devais l'aller voir immediatement. Puis, au
lieu de se promener quelques instants, comme a l'ordinaire, elle rentra
vivement dans la maison.
Elle paraissait troublee et marchait avec une excitation que je ne lui
avais jamais vue.
Que signifiait ce trouble? Pourquoi ce signal presse?
Je l'avais quittee la veille a onze heures du soir, et notre soiree
s'etait passee comme de coutume, sans que rien fit prevoir qu'il devait
arriver quelque chose d'extraordinaire.
Et cependant ce quelque chose s'etait assurement produit.
Quoi?
Nous ne sommes plus au temps ou nous nous inquietions d'un rien;
l'habitude nous a rendus indifferents au danger. D'ailleurs, quel danger
pouvait nous menacer? D'ou pouvait-il venir, de qui?
Je ne restai point sous le coup de ces questions et je courus chez
Clotilde.
L'hotel, ou regnait habituellement un ordre rigoureux, ou chaque chose
comme chaque personne etait strictement a sa place, me parut bouleverse.
Il n'y avait point de valet dans le vestibule, et au timbre du concierge
m'annoncant, personne n'avait repondu.
Le timbre sonna une seconde fois, et ce fut Clotilde elle-meme qui parut
dans le salon ou j'etais entre.
--Que se passe-t-il donc?
--M. de Solignac a ete rapporte hier soir dans un etat tres-grave.
--Hier soir?
--Aussitot apres votre depart, on est venu me prevenir que M. de
Solignac etait dans une voiture de place a moitie evanoui. Je l'ai fait
porter dans sa chambre et j'ai envoye chercher le docteur Horton.
Je dois avouer que je respirai. Ce danger n'etait pas celui que je
craignais, si veritablement
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