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pas m'aider a en commettre. C'est la, il me semble, ce qu'il y a de
meilleur dans les titres hereditaires; si par malheur nous sommes trop
faibles, dans des circonstances critiques, pour nous decider nous-memes,
nous pouvons etre tres-utilement influences par le souvenir de
nos aieux, par notre nom. On ne devient pas un coquin ou un lache
facilement, quand on se souvient qu'on a eu un pere honnete ou brave.
Alors meme que je n'aurais pas eu cette raison pour fermer l'oreille aux
propositions de Poirier, j'en aurais eu dix autres.
Il est certain que le pays est en proie a la fievre des affaires.
Pendant les quinze annees de la Restauration et les dix-huit annees de
regne de Louis-Philippe, la richesse publique s'est considerablement
accrue: la bourgeoisie a gagne beaucoup et le paysan a commence a
amasser. Il y a une epargne qui ne demande qu'a etre mise en mouvement.
Jusqu'a present cette epargne est restee dans les armoires et au fond
des vieux bas de laine, parce qu'on n'a pas su aller la chercher et
qu'elle etait trop timide pour venir elle-meme s'offrir aux hauts barons
de la finance. On l'employait prudemment en placements a 4-1/2 sur
premiere hypotheque, ou bien en achats de terre, et ces placements
faits on recommencait a economiser sou a sou jusqu'au jour ou une somme
nouvelle etait amassee.
Mais ce mode de proceder a change. Aux barons de la finance, qui
restaient tranquillement chez eux, attendant qu'on leur apportat
l'argent qu'ils daignaient a peine accepter, sont venus se joindre des
speculateurs moins paresseux.
Le coup d'Etat a amene sur l'eau un tas de gens qui pataugeaient dans
la boue et qui comprennent les affaires autrement que les financiers
majestueux du gouvernement de Juillet. Ils ont prete leur argent et
leurs bras a l'homme en qui ils ont reconnu un bon aventurier, un bon
chef de troupe, et maintenant que cet homme, pousse par eux, est arrive,
ils demandent le payement de leur argent et de leur devouement. Il est
bien probable que Louis-Napoleon serait heureux de se debarrasser de ses
complices exigeants; mais, grace a Dieu, le chatiment de ceux qui ont eu
recours a l'intrigue est d'etre toujours exploites par l'intrigue. Vous
vous etes servi des gredins, les gredins a leur tour se serviront de
vous et ne vous lacheront plus. L'appui que vous leur avez demande en
un jour de detresse, vous serez condamne a le leur rendre pendant vos
annees de prosperite.
Ces gens sont d'autant pl
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