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stion de longues dissertations plaintives, mais combien sont legeres les impressions de la lecture, a cote de celles que donne la realite. Depuis que je suis pres de Clotilde ou plus justement depuis qu'elle me sait pres d'elle, je vis continuellement dans le trouble et dans la fievre. Par le seul fait de notre amour et des exigences qui en resultent, la vie que je m'etais arrangee a ete bouleversee. Comme je suis contraint par la necessite de faire un certain nombre de dessins par semaine, et que je n'ai plus, comme autrefois, toute ma journee pour travailler, je me leve a cinq heures tous les matins et je travaille jusqu'a dix ou onze heures avec toute l'activite dont je suis capable. Je ne me crois pas paresseux et je n'ai aucune frayeur du papier blanc; cependant ce procede de travail que j'ai ete contraint d'adopter m'est penible et fatigant. Faire douze lieues par jour en douze heures d'un pas regulier, n'est pas un exercice bien penible, on jouit de la route et on en profite; si l'on rencontre un site agreable, on peut meme s'arreter pour l'examiner a loisir; au contraire, faire douze lieues en six heures, au pas gymnastique, demande une depense de forces qui, a la longue, lasse et epuise. C'est le pas gymnastique que j'ai du introduire dans mon travail, et c'est par lui que j'ai remplace la promenade qui m'etait si agreable. Je ne _lache_ pas mes dessins, comme on dit en style d'atelier, et j'espere bien n'en jamais arriver la, mais enfin je n'ai plus le plaisir de les caresser; au lieu d'attendre que les idees me viennent doucement, je vais les chercher avec les fers et les amene de force. Je n'ai que cinq heures a moi et il faut qu'a onze heures mes yeux soient plus souvent sur mon miroir que sur mon papier, car c'est le moment ou Clotilde se leve, et ou elle parait a la fenetre de sa chambre en attendant qu'elle descende dans le jardin. Je suis la et nous echangeons un regard; c'est alors que se decide ma journee, qui, bien entendu, est reglee sur celle de Clotilde. Pour cela nous avons adopte un systeme de telegraphie qui nous est particulier et qui nous permet de nous entendre au moins sur quelques points principaux. Comme je n'ai aucune direction, aucune volonte dans l'arrangement de cette journee et que je me conforme a ce que Clotilde m'indique, je ne parais pas a ma fenetre pendant tout le temps qu'elle me transmet sa depeche. Apres que nous nous sommes regardes un moment, je rentre da
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