t constate que le parchemin aux armes
pontificales etait parfaitement authentique, il le laissa tomber sur la
table et baissa la tete dans un morne silence. Le coup etait terrible.
Fausta, sur la table, prit une plume, et la presenta au duc de Guise,
qui la saisit machinalement. Puis, posant son doigt a l'endroit du
parchemin reserve pour la signature de Guise, elle dit:
--Signez...
Le Balafre la considera un instant avec des yeux hagards. Il etait en
proie a une de ces rages froides qui, lorsqu'elles eclatent, tuent.
Non qu'il regrettat de repudier Catherine de Cleves qui le trompait et
faisait de lui le mari le plus ridicule de France, mais il se voyait
devine par la terrible Fausta, et il etait des lors en son pouvoir.
Elle appuya son doigt sur le parchemin et repeta:
--Signez! Dans quelques minutes, il serait trop tard!
Le Balafre grinca des dents. Il se courba lentement sur la table, et, de
sa grosse ecriture violente, signa!... Alors Fausta alla ouvrir la porte
du grand salon a double battant. Et le salon immense apparut, vivement
eclaire.
Au fond du salon, un autel avait ete dresse... ce n'etait plus un salon,
c'etait une chapelle!... Sur l'autel, pres du tabernacle, le vieux
cardinal de Bourbon attendait, pret a celebrer la messe.
Le cardinal de Guise, le duc de Mayenne, la duchesse de Nemours, la
duchesse de Montpensier etaient assis dans des fauteuils et semblaient
attendre une ceremonie qu'ils connaissaient d'avance. Alors Fausta se
tourna vers le Balafre, atterre de ce qu'il voyait et devinait, et elle
dit:
--Duc, donnez la main a votre fiancee et conduisez-la a l'autel!...
Le duc, la rage au coeur, tendit sa main a Fausta...
Ils marcherent a l'autel.
Le premier geste de Fausta fut de remettre au cardinal de Bourbon la
bulle de divorce. Et, alors, la messe commenca... la messe de mariage
qui unissait Fausta au duc de Guise!...
XXXIV
L'EFFONDREMENT
La chambre du roi donnait sur la cour carree. En avant, il y avait une
antichambre. Et en avant de cette antichambre, c'etait le salon dans
lequel nous avons introduit le lecteur. Ainsi donc, apres avoir franchi
le porche du chateau de Blois et monte le grand escalier, on arrivait a
ce salon.
En entrant dans le salon et en allant chercher la porte du fond,
a droite, on se trouvait dans l'antichambre du roi. C'est cette
antichambre qui devient en ce moment le centre de notre scene. Il s'y
ouvrait trois portes. L'une par laque
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