he un gentilhomme a la poitrine, puis un autre;
elle en touche dix.
--Vous, dit-elle, dans le salon... Des qu'il sera dans l'antichambre,
fermez la porte et placez-vous devant, l'epee et la dague a la main. Si
on essaie de forcer la porte de l'antichambre, si le salon est envahi,
mourez jusqu'au dernier avant qu'on ne puisse ouvrir... Jurez!
--Nous jurons! repondent les dix.
Les dix passent dans le salon, et, tout aussitot, s'y disposent par
petits groupes, riant et causant de choses indifferentes. Alors,
Catherine touche trois des gentilshommes restant dans l'antichambre. Ce
sont Chalabre, Sainte-Maline et Montsery.
--Vous, dit-elle, entrez dans le cabinet et attendez-moi.
Sainte-Maline, Chalabre et Montsery obeissent aussitot et passent dans
le grand cabinet de travail. Dans l'antichambre, il ne reste plus que
sept gentilshommes, parmi lesquels Deseffrenat et le comte de Loignes.
--Vous, dit Catherine, ecoutez: il entrera ici, ne trouvant pas le
roi dans le salon, et il vous demandera: "Ou est Sa Majeste?..." Vous
repondrez:
"Sa Majeste est dans son cabinet, monseigneur."
--Alors, il entrera dans le cabinet, et vous acheverez l'homme. Si on ne
vous appelle pas, vous resterez ici. Au cas ou ceux du salon seraient
attaques, vous barricaderez la porte et vous mourrez jusqu'au dernier
avant qu'on ne puisse atteindre la porte du roi... Jurez!
--Nous jurons, repondirent les sept.
Alors, lente et toute raide dans ses voiles de deuil, la vieille
reine passe dans le grand cabinet ou attendent Chalabre, Montsery et
Sainte-Maline.
--Vous, dit-elle, je vous ai choisis entre tous. Le duc vous a
embastilles. Le duc vous a menaces de mort. Est-ce vrai?
Les trois s'inclinerent.
--Quoi qu'il en soit, dit Catherine, vous avez ete choisis parce qu'on a
suppose qu'a votre devouement pour le roi se joignait en vous une haine
naturelle contre celui qui a voulu vous mettre a mort. Eh bien, il va
venir. Le salon est garde. L'antichambre est gardee. La chambre du roi
est gardee. Le duc doit aboutir ici... Il ne faut pas qu'il en sorte
vivant...
Les trois se regarderent, les yeux flamboyants, les levres crispees par
ces sourires terribles qu'on a dans les moments supremes. Catherine les
vit decides. Elle demanda:
--Le roi, messieurs, peut-il compter sur vous?
Ils tirerent leurs dagues d'un mouvement spontane.
--Si le duc entre ici, il est mort! dirent-ils.
--C'est bien, dit Catherine. Attendez donc... c
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