ourbon?
--Il ne doit venir qu'a onze heures et demie.
--Quand il arrivera, fais-le entrer ou tu sais, ainsi que Mayenne et le
cardinal de Guise. Je pense que tout a ete apprete dans le grand salon?
Des que le duc arrivera, fais-le entrer ici. Et les autres la...
Myrthis se retira. Fausta alla ouvrir la porte qui ouvrait sur le
grand salon. Deux flambeaux etaient allumes. Mais cette faible lumiere
suffisait sans doute a Fausta, qui, de la porte, examina l'immense salle
deserte.
Alors, elle poussa un long soupir, referma la porte avec beaucoup de
soin, et revint se placer dans le fauteuil qu'elle occupait tout a
l'heure.
--Monseigneur le duc de Guise! annonca une voix.
Fausta releva lentement la tete et vit le duc qui s'inclinait devant
elle. Il etait nerveux, agite. Cette fievre speciale qui saisit les
grands criminels au moment de l'action irreparable mettait une flamme
sombre dans son regard, et, sur son front couvert d'une ardente rougeur,
la large cicatrice de sa blessure apparaissait livide.
--Me voici a vos ordres, madame, dit le duc d'une voix ou percait une
sourde impatience. Mais vraiment n'eut-il pas mieux valu ne plus nous
voir jusqu'au jour...
--Jusqu'au jour ou Henri III succombera, acheva la Fausta avec une
froideur glaciale. C'est-a-dire, continua-t-elle, jusqu'au jour ou je
dois unir ma destinee a la votre, duc!
Guise tressaillit. Voyant qu'il ne relevait pas les paroles qu'elle
venait de prononcer, Fausta reprit:
--Ainsi, mon duc, tout est pret... grace a moi. Le filet est bien tendu.
Valois doit mourir. J'ai distribue a chacun son role.
--Tout cela est vrai, madame, dit Henri de Guise, d'une voix alteree, et
ses sourcils se froncerent. C'est vrai; la ou nous autres hommes nous
hesitions, vous avez deploye l'audace froide et l'implacable methode
d'une grande conquerante. Vous avez tout prevu, tout agence dans les
moindres details. Je le confesse, madame...
--Je voulais vous entendre dire ces verites, dit Fausta. Mais vous
savez que ce n'est pas tout. Vous savez que j'ai envoye un courrier a
Alexandre Farnese. D'apres les dates que j'avais prevues, Alexandre
Farnese, a cette heure, est surement en France et marche sur Paris. J'ai
donc fait plus que de deblayer le trone: je vous donne une armee...
--C'est encore vrai, madame. Mais n'avons-nous pas deja convenu ce que
nous devons faire de cette armee?
--Oui, reduire le Bearnais, ramener a vous les huguenots qui sont
de rudes
|