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ulerait sur elle-meme. Contre cette tendance naturelle, il est bon qu'une reaction tres forte, et meme brutale, se fasse de temps en temps, que quelqu'un vienne qui dise: "Prenez garde! Mieux vaudrait ne point enseigner, qu'enseigner si fort. Vous revenez par un cercle au point que vous fuyez." C'est ce qu'a dit Rousseau. On instruisait trop l'homme, il a crie qu'il fallait qu'il s'instruisit seul. C'est une chose a ne pas croire vraie, et a ne jamais oublier. Il a invente "l'education intuitive", comme il n'a pas dit, mais comme nous disons d'apres lui. C'est une chose ou il ne faut nullement se fier, mais qu'il y a un peril immense a perdre de vue. Il faut enseigner; mais profiter de toutes les velleites que l'enfant montre de s'instruire lui-meme, venerer sa curiosite, ses efforts personnels, ses excursions hors du cercle trace par nous, se plaire a ses objections quand elles sont naives, et lui montrer meme jusqu'ou elles pourraient s'etendre, pour l'en recompenser en quelque sorte, au lieu de les proscrire, quitte a dire ensuite: "Moi, je juge plutot de telle facon"; ne pas detester, comme a dit spirituellement M. Renan, le disciple qui pense le contraire de notre pensee, sauf quand c'est taquinerie; car, sauf ce cas, celui-ci est probablement votre vrai disciple, celui qui vous a entendu, tandis que son voisin est peut-etre un paresseux qui n'a fait que nous ecouter;--en un mot, croire que l'enfant est un etre qui reflechit un peu, et rien qu'a le croire, l'incliner doucement et sensiblement a etre tel. Voila la grande idee de Rousseau, qui n'est pas de lui, car Montaigne l'avait merveilleusement exprimee deja, mais a laquelle il a donne une tres grande force et un tres grand eclat. Elle est de celles qui sont des scrupules necessaires et de salutaires sauvegardes. Elle est de celles aussi qui vont tres loin dans leurs suites. Car, remarquez-le, en face de l'enfant, tenir compte de nous et non de lui, ne pas croire a son originalite, mais seulement a la tradition et a l'institution pedagogique, amene peu a peu a une sorte de dogmatisme d'enseignement, et a un type unique, uniforme et rigide d'education, grave defaut qui etait celui de l'enseignement francais au XVIIIe siecle et ou nous aurons toujours des penchants presque invincibles a retomber. Tenir grand compte des puissances propres de l'enfant, estimer, un peu au moins, qu'il serait capable de s'instruire tout seul, aimer a le suivre plus qu'a le traine
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