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reparable etait accompli, et ma conscience etait sauvee. Mais mon amour? mais Clotilde? L'impatience et l'angoisse me faisaient presser le pas de mon cheval. Malheureusement il etait fatigue, et la distance etait beaucoup trop grande pour qu'il me fut possible de la franchir en une journee. Je dus passer la nuit dans un petit village au dela de Brignoles, d'ou je partis le lendemain matin au jour naissant. Je franchis les douze lieues qui me separaient de Cassis en quatre heures, et, apres avoir mis a la _Croix-Blanche_ mon pauvre cheval qui n'en pouvait plus, je courus chez le general Martory. Comme mon coeur battait! C'etait ma vie qui allait se decider. Le general etait sorti, mais Clotilde etait a la maison. Je priai la vieille servante de la prevenir de mon arrivee. Elle accourut aussitot. --Vous! dit-elle en me tendant la main. Je l'attirai contre ma poitrine et longtemps je la tins embrassee, mes yeux perdus dans les siens, oubliant tout, perdu dans l'ivresse de l'heure presente. Elle se degagea doucement et, m'abandonnant sa main, que je gardai dans les miennes: --Comment etes-vous ici? demanda-t-elle. Que se passe-t-il? J'ai recu la lettre par laquelle vous me disiez que vous partiez pour le Var. --C'est du Var que j'arrive. --Comme vous me dites cela! --C'est que dans ces mots, bien simples par eux-memes, mon bonheur est renferme. --Votre bonheur! --Mon amour, chere Clotilde. Elle me regarda, et je me sentis faiblir. --Je ne suis plus soldat, dis-je, et je viens vous demander ce que vous voulez faire de ma vie. Jusqu'a ce jour, des paroles decisives n'ont point ete echangees entre nous, mais vous saviez, n'est-ce pas, que pour vous demander d'etre ma femme, je n'attendais qu'une occasion propice. --Et maintenant.... --Non, je ne viens pas maintenant vous adresser cette demande, car je n'ai rien et ne suis rien; je viens vous dire seulement que je vous aime. Elle ne me retira point sa main, et ses yeux resterent poses sur les miens avec une expression de tristesse attendrie. --Vous n'avez donc pas pense a moi? dit-elle. --J'ai pense que vous n'aimeriez pas un homme qui se serait deshonore. La lutte a ete terrible entre la peur de vous perdre et le devoir. Etes-vous perdue pour moi? --Ne prononcez donc pas de pareilles paroles. --Me permettez-vous de vous voir comme autrefois, de vous aimer comme autrefois, ou me condamnez-vous a ne revenir jamais dans cet
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