FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   250   251   252   253   254   255   256   257   258   259   260   261   262   263   264   265   266   267   268   269   270   271   272   273   274  
275   276   277   278   279   280   281   282   283   284   285   286   287   288   289   290   291   292   293   294   295   296   297   298   299   >>   >|  
ue "jamais une piece bien faite ne choque les moeurs de son siecle"; et il conclut que le theatre ne saurait corriger un gout auquel sa premiere regle est de se conformer.--Et, tout de suite, il ajoute que l'amour du bien est dans nos coeurs, que nous sommes convaincus que la vertu est aimable par notre sentiment interieur, et que vraiment la comedie ne pourrait produire en nous des sentiments que nous n'aurions pas.--Tout cela est tres juste; mais si les hommes sont naturellement bons, et si le theatre ne leur rend que ce qu'ils lui inspirent, comment peut-il leur donner de mauvaises lecons, et d'ou pourrait-il tenir le venin qu'il leur communique?--Ceci n'est qu'un cas particulier de la grande contradiction de Rousseau. Il a toujours soutenu deux choses: la premiere que l'homme est bon, et la seconde que l'art le corrompt. Mais d'ou vient l'art, si ce n'est de l'homme? Jamais Rousseau n'a clairement explique comment l'homme, si parfait, a invente tant de choses qui l'ont rendu execrable; de meme qu'il n'a jamais explique comment l'homme, ne dans l'etat de nature, en est sorti; et, aussi bien, c'est exactement le meme probleme. Je ne deteste, certes, point le scepticisme de Rousseau a l'endroit de la vertu moralisatrice du theatre, quand je songe a l'idee vraiment candide, et peut-etre pire, que se faisaient Voltaire et Diderot, ou qu'ils affectaient d'avoir, relativement aux salutaires et merveilleux effets du theatre sur les moeurs. Et cependant, sans aller jusqu'a tenir le theatre pour une ecole de morale, je ne suis pas sans lui accorder une tres legere, tres flottante, presque insensible, mais salutaire, influence. L'argument est trop facile qui consiste a dire: le theatre n'a jamais corrige personne. Il n'a jamais corrige precisement tel vicieux, tel ridicule ou tel imbecile, parce qu'il est trop evident qu'ils ne s'y sont pas reconnus. Mais il cree une atmosphere generale, un etat d'opinion, un "milieu", comme on dit en langage scientifique, qui ne laisse peut-etre pas d'avoir son influence, sinon sur les vicieux ou les sots authentiques, du moins sur ceux qui sont a mi-chemin de l'etre, c'est-a-dire sur tout le monde. Rousseau reconnait que c'est le gout general qui est la regle du theatre. Eh bien, ce "gout general" le theatre le renvoie au public, mais "developpe", comme dit Rousseau encore, renforce, plus vif, exprime en traits brillants, ou en types et caracteres saisissants. Il frappe des proverbes, et il
PREV.   NEXT  
|<   250   251   252   253   254   255   256   257   258   259   260   261   262   263   264   265   266   267   268   269   270   271   272   273   274  
275   276   277   278   279   280   281   282   283   284   285   286   287   288   289   290   291   292   293   294   295   296   297   298   299   >>   >|  



Top keywords:

theatre

 

Rousseau

 
jamais
 

comment

 

general

 
corrige
 
vicieux
 
influence
 

choses

 

explique


vraiment
 

premiere

 

pourrait

 
moeurs
 
consiste
 
facile
 
evident
 

conclut

 

siecle

 
imbecile

argument

 

choque

 

ridicule

 

precisement

 

personne

 
salutaire
 

corriger

 

cependant

 

merveilleux

 

effets


auquel

 

morale

 
insensible
 

saurait

 

presque

 

flottante

 

accorder

 
legere
 

atmosphere

 

developpe


encore

 

renforce

 

public

 

renvoie

 

saisissants

 
frappe
 
proverbes
 

caracteres

 

exprime

 

traits