Ie siecle au XIXe, de theoricien
dramatique qui n'ait vivement insiste sur la necessite de moraliser le
theatre, et de moraliser du haut du theatre. Seulement au XVIIIe siecle
ce penchant fut plus fort que jamais. Et il etait mele de bon et
de mauvais, comme la plupart des penchants.--D'un cote, l'idee de
remplacer les predicateurs chatouillait l'amour-propre des philosophes;
d'autre part, ils sentaient bien, ce qui leur fait honneur, que la
direction morale, qui autrefois venait de la religion, commencant a
languir, il en fallait sans doute une autre, et qu'il n'y avait guere
que la litterature qui put recueillir ou essayer de prendre cette
succession.--Quoi qu'il en soit, Diderot est sur ce point de l'avis
de tout son temps. Il ne s'en distingue qu'en allant plus loin, ayant
accoutume d'aller toujours plus loin que tout le monde. Il voudrait que
le drame fut non seulement un sermon; mais, comment dirai-je? une sorte
de soutenance de these. "J'ai toujours pense qu'on discuterait un jour
au theatre les points de morale les plus importants, et cela sans nuire
a la marche violente et rapide de l'action dramatique.... Quel moyen
(le theatre) si le gouvernement en savait user et qu'il fut question de
preparer le changement d'une loi ou l'abrogation d'un usage!"
Enfin Diderot estime qu'on pourrait renouveler le theatre en substituant
la peinture des _conditions_ a la peinture des _caracteres._ Entendez
par "condition" l'etat ou est un homme dans la famille: on est "un
pere," "un fils", "un gendre"; ou dans la societe: on est magistrat, on
est soldat, etc.
La critique s'est trop exercee sur cette vue de Diderot. Elle n'est pas
meprisable. Ce qu'il y avait de suranne dans l'ancienne conception des
"caracteres" au theatre, c'est que les "caracteres" etaient devenus
des abstractions. On etudiait _le_ distrait, _le_ constant, _le_
contradicteur et _le_ glorieux, comme s'il y avait un homme au monde qui
strictement ne fut que glorieux, que contradicteur ou distrait. L'homme
en soi, et encore reduit a sa passion maitresse, et sans le moindre
compte tenu des impressions que ses entours ont du faire sur lui et de
l'empreinte qu'elles y ont du laisser, voila ce que les dramatistes
pretendaient avoir devant les yeux; ce qui conduit a croire qu'ils
n'avaient en effet sous le regard qu'un mot de la langue francaise dont
ils faisaient methodiquement l'analyse.--Diderot se disait qu'un homme
peut etre ne contradicteur, et, partant, etre
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