surge, n'est-ce pas?
--Cela n'est pas contestable et lui-meme n'a pas envie de le contester;
il avoue tres-franchement son intention: il a voulu rejoindre ses amis
qui se sont souleves pour defendre le droit et la justice, ou tout au
moins ce qu'ils considerent comme tel.
--Bien; c'est un insurge, vous le reconnaissez et lui-meme le reconnait
aussi. Voila un point d'etabli. Maintenant passons a un autre. Il a ete
pris les armes a la main.
--C'est-a-dire qu'on a saisi sur lui un sabre rouille qui ne serait pas
bon pour couper des choux.
--Eh bien, ce sabre caracterise son crime et devient la circonstance
aggravante qui vous oblige a le faire fusiller; l'ordre du ministre de
la guerre est notre loi; vous connaissez cet ordre: "Tout individu pris
les armes a la main sera fusille."
--Mais jamais personne ne donnera le nom d'arme a ce mauvais sabre, ce
n'est meme pas un joujou, dis-je en allant prendre le sabre qui etait
reste sur une table.
Et je le mis sous les yeux de M. de Solignac en faisant appel a son
singulier acolyte. Tous deux detournerent la tete.
--Il n'est pas possible d'argumenter sur les mots, dit enfin M. de
Solignac, ce sabre est un sabre, et l'ordre du general Saint-Arnaud est
formel.
--Mais cet ordre est... n'est pas executable.
--En quoi donc?
--Il vise une loi qui n'a jamais autorise pareille mesure.
--Pardon, capitaine, mais nous ne sommes pas ici pour discuter, nous ne
sommes pas legislateurs et vous etes militaire.
Malgre l'indignation qui me soulevait, je m'etais jusque-la assez bien
contenu; a ce mot, je ne fus plus maitre de moi.
--C'est parce que je suis militaire, que je ne peux pas faire executer
un ordre aussi....
--Permettez-moi de vous rappeler, interrompit M. de Solignac, que vous
n'avez pas a qualifier un ordre de votre superieur; il existe, et du
moment que vous le connaissez, vous n'avez qu'une chose a faire; un
soldat obeit, il ne discute pas.
--Vous avez raison, monsieur, et j'ai tort; je vous suis oblige de me le
faire comprendre, je ne discuterai donc pas davantage et je ferai ce que
mon devoir m'ordonne.
--Je n'en ai jamais doute; seulement, on peut comprendre son devoir de
differentes manieres, et je vous prie de me permettre de vous demander
ce que votre devoir vous ordonne a l'egard de cet homme.
--De l'emmener prisonnier et de le remettre aux autorites competentes.
--Tres-bien; alors veuillez le faire remettre entre nos mains.
Et comme
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