u je suis reste trois jours. Pendant ce temps-la on a
compris qu'on s'etait trompe; les gens de la Garde-Freynet sont arrives,
et puis d'autres, on s'est leve, et quand je suis redescendu a la
maison, j'ai trouve tout le monde parti, alors je suis parti aussi pour
les rejoindre.
Les cris du dehors continuaient; ne voulant pas exasperer cette
exaltation meridionale, je donnai l'ordre d'enfermer mon bucheron dans
la prison de la mairie.
Mais ce n'etait point assez pour satisfaire cette foule affolee; quand
on sut que j'avais fait conduire le bucheron en prison, les cris: "A
mort!" redoublerent. Je ne m'en inquietai point, j'avais une force
suffisante pour faire respecter mes ordres; lorsque je quitterais ce
village, j'emmenerais mon prisonnier.
Il y avait a peine dix minutes que la porte de la prison etait refermee
sur ce pauvre vieux, quand il se fit un grand bruit de chevaux dans la
rue.
C'etait M. de Solignac qui arrivait au galop, suivi de quelques
gendarmes,--ce Solignac etait bien le mien, c'est-a-dire celui de
Clotilde et du general.
En m'apercevant, il poussa une exclamation de surprise et vint a moi la
main tendue.
--Comment, mon cher capitaine, c'est vous! Que je suis heureux de vous
voir! Nous allons marcher ensemble.
Puis, apres quelques paroles insignifiantes, il continua:
--Vous avez un prisonnier, m'a-t-on dit, pris les armes a la main;
avez-vous commande le peloton?
--Quel peloton?
--Le peloton pour le fusiller.
XXXVI
Fusiller ce vieux bucheron!
En entendant ces mots, je regardai M. de Solignac; pres de lui se
tenait un autre personnage portant l'habit civil et decore de la Legion
d'honneur qui me fit un signe affirmatif comme pour confirmer et
souligner les paroles de M. de Solignac.
--Et pourquoi voulez-vous qu'on fusille ce bonhomme?
--Comment a-t-il ete arrete?
Je racontai son arrestation.
--Ainsi, de votre propre recit, il resulte qu'il se sauvait.
--Parfaitement.
--Il voulait se cacher?
--Sans doute.
--Il le voulait parce qu'il allait rejoindre les insurges; son aveu est
formel.
--Il n'a pas cache son intention.
--Il doit donc etre considere comme etant en etat d'insurrection.
--Je le crois, et c'est ce qui m'a oblige a le maintenir en arrestation;
en meme temps j'ai voulu le soustraire a l'exasperation de cette foule
affolee.
--Ne parlons pas de cela, laissons cette foule de cote, et occupons-nous
seulement de ce bucheron. C'est un in
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