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plus dans la main; apres avoir ecoute toutes les histoires plus ou moins
exagerees qu'on leur racontait, echange des poignees de main avec les
trembleurs, entendu les applaudissements des uns, les vociferations des
autres, ils en etaient arrives a croire qu'ils marchaient contre des
bandits coupables de tous les crimes.
Comment les retenir et les moderer? Je commencai alors a regretter
d'avoir accepte le commandement que le colonel m'avait impose, car je ne
pourrais pas assurement me renfermer dans le role que je m'etais trace;
au moment de la rencontre, je ne commanderais pas a mes hommes, mais je
serais entraine par eux, et jusqu'ou n'iraient-ils pas?
Mes hesitations, mes irresolutions, mes remords me reprirent: je
n'aurais pas du ceder aux prieres du colonel, et plutot que de me lancer
dans une expedition que je reprouvais, j'aurais mieux fait de persister
dans ma demission.
Mazurier, comme s'il lisait ce qui se passait en moi, semblait prendre a
coeur d'irriter mes craintes.
--Il sera bien difficile de moderer nos hommes, me disait-il a chaque
instant.
Et alors il me donnait le conseil de leur parler, et de recommencer ma
harangue de Saint-Zacharie. Mais le moment favorable aux bonnes paroles
etait passe, je ne voulais pas me faire rire au nez et compromettre mon
autorite dans une maladresse: il me fallait au moins conserver sur mes
hommes l'influence du respect et de l'estime.
Tant que je serais seul maitre de mon detachement, j'avais l'esperance
de conserver une partie de cette influence et, en fin de compte,
d'imposer toujours ma direction a mes hommes; s'ils n'obeissaient point
a la persuasion, ils obeiraient au moins a la discipline; mais le moment
arrivait ou j'allais devoir agir de concert avec les autres troupes qui
cernaient les insurges dans un cercle concentrique, et alors j'aurais a
obeir a une autre inspiration, a une autre volonte que la mienne.
Quelle serait cette inspiration? quel serait l'esprit des officiers
avec lesquels j'allais operer? quels seraient les sentiments de leurs
troupes? sous les ordres de quel general, de quel colonel le hasard
allait-il me placer? aux requisitions de quel prefet me faudrait-il
obeir?
Toutes ces questions venaient compliquer les dangers de ma situation.
Mais ce qui les aggrava d'une facon plus facheuse encore, ce fut une
nouvelle que m'apprit le maire d'un village dans lequel nous arrivames.
Aussitot qu'il nous vit paraitre, il accourut au-d
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