hommes, et qui veut qu'il ait eu, soit
au berceau, soit dans le sein de sa mere, la meme grandeur qu'au
moment ou il a ete mis en croix. Suivant lui encore, les moines et les
religieuses, meme apres leur profession publique, meme dans les liens
de la benediction et de la consecration, peuvent contracter mariage, et
malgre la violation de leur voeu, leur union ne doit pas etre rompue,
et tout en restant dans les liens du mariage, ils en font penitence. Ce
docteur, dit ailleurs Abelard, est le compatriote des autres (_eorum
patriota_) et un des plus celebres theologiens [216].
[Note 216: _Theol. Christ_., i. IV, p. 1816.]
Un troisieme, d'un grand nom, et qui brille dans un bourg de l'Anjou,
non-seulement etablit les proprietes des personnes comme autant de
choses differentes, mais veut que la puissance de Dieu, sa justice,
sa misericorde, sa colere, enfin tout ce que la langage humain lui
attribue, soient des choses ou qualites differentes de Dieu, comme en
nous-memes la justice est differente de l'homme juste. Il realise dans
la divinite des formes essentielles ainsi que dans la creature, les
multipliant autant que les noms qu'on donne a Dieu, et cela parce que
la grammaire a decide que le nom exprime la substance et la qualite, et
sert a distribuer aux sujets corporels les qualites propres ou communes:
comme si, dit saint Gregoire, la parole celeste se soumettait aux regles
de Donat!
Un quatrieme enfin, qui n'est pas sans renommee, enseigne au pays de
Bourges que les choses pouvant arriver autrement que Dieu ne les a
prevues, Dieu peut se tromper, assertion qui n'a jamais ete toleree chez
les Gentils les plus infideles. A ce denombrement, notre censeur ajoute
dans sa Theologie deux freres qu'il connait, qui se comptent parmi
les plus grands maitres, dont l'un pretend que les mots du Sacrement
conservent tonte leur efficace, quelle que soit la bouche qui les
profere, et qu'une femme peut consacrer en prononcant les paroles du
Seigneur; l'autre se fie tellement a ses systemes philosophiques qu'il
professe que Dieu n'a aucune priorite d'existence sur le monde[217];
"sans compter une quantite innombrable d'autres opinions dont le recit
me consterne tous les jours, et que le peuple ne peut arreter, meme en
brulant les gens dont il peut s'emparer[218]." Voila dans quels termes
le rationaliste du XIIe siecle prouve la necessite de donner une
demonstration philosophique de la Trinite.
[Note 217: On croit que ces deux f
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