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l'humanite, corps et ame, et il n'y a qu'une personne, la personne
divine, qui subsiste dans le Fils de l'homme. Ces deux natures sont
unies d'une union _hypostatique_, c'est-a-dire substantielle. C'est
cette doctrine qu'Abelard expose, et d'une maniere que je crois
irreprochable; seulement la comparaison de l'union de l'ame et du corps
dans l'homme pour eclaircir l'union de la divinite et de l'humanite dans
Jesus-Christ, n'est qu'une comparaison, et ne doit pas etre prise a la
lettre, quoiqu'elle soit dans le Symbole d'Athanase. Elle revient a ce
raisonnement: admettez que l'homme est uni a Dieu dans le Verbe fait
chair, puisque vous admettez bien que l'ame soit unie au corps dans
la personne humaine. L'orthodoxie d'Abelard sur ce point difficile
et important aurait du prouver a ses accusateurs que s'il a erre sur
quelque autre point de la question de la nature divine, cette erreur ne
peut etre taxee d'heresie, etant parfaitement exempte de toute intention
d'alterer a un degre quelconque le dogme fondamental de la divinite de
Jesus-Christ. Celui qui reconnait d'une maniere absolue sa divinite sur
la terre, tant qu'il y prit la forme humaine, ne peut etre soupconne de
nier ou d'affaiblir en quoi que ce soit sa divinite dans le ciel, ou
comme personne de l'essence divine. Il est vrai qu'on a meme, sur
l'article de l'incarnation, soupconne Abelard d'erreur. Pierre Lombard
avait avance que Jesus-Christ, en devenant homme, n'etait pas devenu
quelque chose, ou du moins il avait remarque que si Dieu pouvait etre
quelque chose, quelque chose pourrait etre Dieu, et l'on disait que
Pierre Lombard avait recu cette idee de son maitre Abelard. Cette
erreur, qui s'etait assez repandue, fut examinee en 1163 au concile de
Tours, et condamnee par le pape Alexandre III. Jean Cornubius a ecrit
une dissertation ou il la discute fort clairement et en fait connaitre
les sources; au nombre des autorites qu'il cite est l'opinion d'Abelard;
il admet que Pierre Lombard pouvait bien en avoir tire la sienne, mais
qu'il s'etait mepris, Abelard disant positivement qu'il y a dans le
Dieu-homme deux substances ou deux natures; aussi Jean Cornubius
n'hesite-t-il pas a le tenir pour catholique[246].
[Note 246: La citation qu'il donne de l'opinion d'Abelard est
conforme pour le sens, mais non exactement pour la lettre au texte de
l'introduction (I. III, p. 1127 et 49). Mais Cornubius peut l'avoir
reduite ou precisee, ou bien tiree de la Theologie
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