beaucoup de
choses qu'il interdit; il veut qu'on desobeisse souvent a ce qu'il veut,
ou du moins s'il ne dispose pas ce qui est contraire a sa volonte, il le
permet. A proprement parler, il ne veut que le bien[259].
[Note 259: Epit., c. XXV et XXVI, p. 69-75.]
On eleve une question: L'unite de la personne du Christ a-t-elle
ete divisee par la mort? Ce qui est certain, c'est qu'a la mort de
Jesus-Christ, l'ame a quitte la chair; mais cette ame savait-elle tout
ce que savait le Verbe? Elle aurait ete aussi parfaite que Dieu. Il
parait raisonnable de croire que sans en savoir autant que Dieu, elle
voyait Dieu parfaitement. On entend d'ordinaire par vie animale cette
vivification et ce mouvement que la chair tient de l'ame; telle n'etait
pas la vie du Christ: ce que l'ame fait pour le corps, le Verbe le
faisait pour l'ame du Christ, et par elle il donnait le mouvement a son
corps. Les affections naturelles etaient naturellement dans cette ame,
et la force motrice egalement, hormis comme instrument du peche[260].
[Note 260: C. XXVII, p. 76.]
Apres le bienfait de l'incarnation, viennent ces bienfaits de Dieu
qu'on appelle les sacrements. Un sacrement est une image d'une grace
invisible, un signe d'une chose sacree, c'est-a-dire d'un mystere. Le
premier est le Bapteme, puis l'Onction et la Confirmation. Le sacrement
de l'Autel (l'Eucharistie) est celui dont la cause est la commemoration
de la passion et de la mort du Christ: il se celebre avec le pain et le
vin; apres la consecration, ce pain est le corps du Christ et ce vin
est son sang[261]. Abelard reproduit sous diverses formes les pures
doctrines de la transsubstantiation; cependant, en exposant avec respect
et subtilite la merveille et le mystere du sacrement, il n'a pas evite
la censure. On entrevoit ici comment il a pu etre conduit a examiner
des questions au moins oiseuses, et comment, pour n'avoir pas voulu
admettre, par exemple, que le corps et le sang de notre Seigneur fussent
soumis sur la terre a tous les accidents physiques qui peuvent atteindre
les especes apparentes du pain et du vin; il a paru cesser, en de
certains moments, d'y voir, meme apres la consecration, le corps et le
sang reels de Jesus-Christ. Mais les questions etaient pueriles et la
faute n'etait pas serieuse[262].
[Note 261: C. XXVIII-XXXI, p. 81-90. On se rappelle qu'au debut de
l'Introduction il est dit que trois choses sont necessaires au salut, la
foi, la charite, les sacrements. A
|