on parle de Dieu, la plus grande discretion,
c'est-a-dire le plus grand effort de discernement, est necessaire.
Gardons-nous des expressions qui pourraient, contre les paroles
d'Athanase, conduire a la confusion des personnes, _neque confundentes
personas_. En vain invoquerait-on la regle du syllogisme: Tout ce qui
s'affirme du predicat s'affirme du sujet, ou bien si A est B et que B
soit C, A est C; il faudrait donc l'entendre comme si, des qu'une chose
est dite d'une autre chose, tout propre du predicat etait propre du
sujet, et admettre par exemple que si cet homme est ce corps, comme ce
corps est ce qui ne s'aneantit pas, cet homme est ce qui ne s'aneantit
pas. Les distinctions du bon sens doivent presider a l'emploi des regles
de l'art.
La relation qui constitue la propriete de chacune des trois personnes,
a quelque chose de mysterieux; elle ne rentre pas exactement dans les
cadres de la science, elle ne peut donc etre exprimee que par des
similitudes, _sub quadam pia similitudinis umbra_. Les comparaisons sont
permises, mais il faut s'en defier, aussi les voyons-nous employees dans
cet ouvrage avec beaucoup de reserve. Celle du sceau d'airain fait place
a une comparaison prise d'une image de cire, et c'est avec brievete
et precision qu'Abelard en use pour expliquer, en quelque maniere, la
generation du Fils. Comme l'image de cire est de la cire (_ex cera_),
comme l'espece est du genre, la sagesse divine, etant une certaine
puissance, est de la puissance divine (_ex potentia_); et en ce sens
l'homme est la meme chose que l'animal, l'image de cire la meme chose
que la cire, mais sans reciprocite. Semblablement, le Fils est de la
meme substance que le Pere, la sagesse est essentiellement puissance,
mais il n'y a pas identite absolue. La sagesse est comme une partie
de la puissance; il faut dire _comme_ une partie, parce que Dieu est
indivisible. Le Fils est du Pere comme la sagesse est de la puissance,
voila la generation. Quel mode de generation? Le Pere ou la puissance
est-il matiere, cause, principe, antecedent quelconque du Fils ou de
la sagesse? Nulle de ces expressions ne doit etre prise au propre: la
matiere est assujettie a la forme, mais non pas Dieu; la cause suppose
l'effet, et le Fils n'est point un effet; le principe, l'origine, ne
s'applique point a un etre eternel qui a dit de lui-meme: _Principium
qui et loquor vobis_ (Johan., viii, 25); rien en Dieu ne peut etre
l'antecedent de Dieu meme[296]. Aucun
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