e des personnes et etant communs a la substance? Certainement, il y
a la une difficulte, et qui n'est pas seulement insoluble, l'insoluble
est partout ici; mais je crois qu'elle porte sur une distinction
inexprimable.
VI.
Laissons ce que saint Bernard dit en passant de la theorie platonicienne
de l'ame du monde assimilee a la foi dans le Saint-Esprit; negligeons
cette phrase vive et dedaigneuse: "Lorsque Abelard se met en sueur pour
voir comment il fera Platon chretien, il se prouve payen." Venons a
cette censure generale:
"Il n'est pas etonnant qu'un homme qui ne s'inquiete pas de ce qu'il
dit, en se jetant sur les secrets de la foi, envahisse et disperse
avec si peu de respect les tresors caches de la piete, puisque
sur le fond de la piete meme il ne pense ni en homme pieux, ni en
fidele. Enfin, des l'entree de sa _Theologie_, ou plutot de sa
_Stultilogie_, il definit la foi une _estimation_, comme s'il etait
loisible a chacun de penser et de dire en matiere de foi ce qu'il
lui plait, ou que les sacrements de notre foi demeurassent suspendus
a des opinions vagues et variables, au lieu d'etre appuyes sur
la verite certaine! Est-ce que, si la foi est flottante, notre
esperance, n'est pas vaine? C'etaient donc des sots que nos martyrs,
soutenant de si rudes epreuves pour des choses incertaines, et ne
balancant pas, pour une recompense douteuse, a courir au-devant d'un
long exil par une fin douloureuse? Mais loin de nous la pensee que
dans notre foi et notre esperance il y ait rien, comme il l'imagine,
qui oscille sur une douteuse estimation, et que tout n'en soit pas
fonde sur la verite certaine et solide, divinement prouve par les
oracles et les miracles, etabli et consacre par l'enfantement de
la vierge, par le sang de la redemption, par la gloire de la
resurrection. Ces _temoignages sont devenus trop dignes de foi_
(Ps. xcii, 7). S'il en est autrement, l'Esprit lui-meme enfin rend
temoignage a notre esprit que nous sommes fils de Dieu. Comment donc
peut-on oser appeler la foi une _estimation_, a moins de n'avoir pas
encore recu ce meme esprit, ou bien d'ignorer l'Evangile, ou de
le regarder comme une fable? _Je sais a quoi j'ai cru et je suis
certain_, s'ecrie l'apotre (II Tim., i, 42), et toi, tu me souffles
tout bas: "La foi est une estimation." Dans ton verbiage, tu fais
ambigu ce qui est d'une cert
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