l'essence ou Dieu, et la personne du Fils ou du Pere, sans distinguer
intellectuellement l'une de l'autre, par cette difference-la[376].
[Note 375: [Grec: Periektikon auton edos e uperousios kai akataleptos
theotes] (Damasc. _Instit. element. ad Dogm._ c. vii.)]
[Note 376: Petau, _Ouv. cit._, t. I, t. II, c. v et t. II, t. IV, c. i
et vii.]
Quelques Peres ont pousse cette opinion au point de soutenir que la
substance en general etant toujours ce qui est commun aux individus,
l'individu n'etait qu'une collection de proprietes, et que par exemple
la substance _homme_ etait commune a Pierre et a Paul, de sorte que
Pierre et Paul etaient consubstantiels. Ainsi l'on n'aurait pas du dire
qu'ils _sont deux hommes_, mais qu'ils _sont homme, sunt homo_, comme
on a dit que les trois personnes divines _sont Dieu_ et non pas _trois
Dieux_[377]. Ce realisme, car jusqu'ici cette opinion n'est que du
realisme, aurait pour effet de constituer les personnes par des
accidents, et de faire entrer indument dans la Divinite la distinction
proscrite de la substance et de l'accident; autrement, l'unite de Dieu
ne serait plus qu'une unite collective, une simple communaute; les trois
personnes seraient Dieu, comme trois statues d'or sont de l'or.
[Note 377: Nyss., _Ad Ablab._,--_De Commun. Not._.--Cf. Cyrill., _In
Johan._, ix.--_De Trin._, Dialog. i.--Damasc., _De Fid._, III, viii et
xiv.--_De Duab. Volum._, V, 7.]
Ce qui parait avoir inspire cette doctrine, c'est l'entrainement de la
controverse contre les ariens; on a voulu sauver la consubstantialite
a tout prix, et l'on a soutenu presque exclusivement l'unite reelle et
substantielle d'une essence commune. Mais d'abord une communaute n'est
pas une unite veritable et rigoureuse, une parfaite simplicite; et si
l'unite divine n'etait que celle du genre ou de l'espece, elle rendrait
a chacune des personnes une individuelle unite, trop comparable a celle
des personnes humaines pour admettre la parfaite identite, l'identite
reelle et numerique de nature ou d'essence. Ceux-la meme qui veulent
faire de Dieu un genre on une espece, voient dans l'unite d'une nature
on essence commune une pure abstraction, oeuvre de la pensee[378].
Est-ce donc a cela qu'ils veulent reduire l'essence de Dieu?
[Note 378: Damasc., _De Fid_., 1, viii.]
Comment donc eviter que soit l'unite, soit la distinction devienne
nominale? Il n'y a qu'un moyen, c'est d'ecarter definitivement la
categorie de qualite. Ains
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