une propriete personnelle ne consiste dans la
relation; la relation entre les creatures est accidentelle; en Dieu, au
contraire, dans les personnes increees, la relation est constitutive, et
il s'ensuit que la personne divine est relative et non absolue. Les
noms de Pere, de Fils, de Saint-Esprit ne designent pas des natures en
elles-memes, mais des personnes l'une par rapport a l'autre[382]. Ainsi
le Dieu des chretiens n'est plus le Dieu solitaire des juifs, mais ils
n'est pas non plus la multiplicite de dieux des Gentils. De ces deux
erreurs il reste, dit saint Jean Damascene, tout ce qu'il y a d'utile
dans le judaisme, l'unite de la nature divine, et dans l'hellenisme, la
distinction des personnes[383]. C'est la quelque chose d'enigmatique,
comme le dit saint Basile[384]; mais precisement cette condition
mysterieuse est comme la prerogative imparticipable d'une nature unique,
d'une essence increee, de l'etre parfait.
[Note 382: Aug., _In Johan_., Tract, xxxix.--Epist. lxvi aut CLXX.--Le
P. Petau dit: "Pater non est persona, nisi comparatus ad Filium." T. II,
l. IV, c. ix, p. 414.]
[Note 383: _De Fid_., I, vii.--Cf. Petau. _ibid_., XIII, p. 422.]
[Note 384: Basil., _Ep_. XLIII.]
On voit que le choix est entre deux manieres d'interpreter
dialectiquement le dogme et d'expliquer, ou plutot de representer
l'impenetrable alliance d'une essence unique avec des personnes
distinctes.
La premiere est celle qui a en general fait une grande fortune dans
l'Eglise grecque. Elle assimile en principe l'essence divine a un
universel, et les personnes a des individus. Pour eviter ou pour
attenuer les consequences de cette assimilation, elle l'affaiblit
ensuite, soit en la donnant comme une maniere necessaire de concevoir
les choses, et en laissant a l'esprit humain la faculte de distribuer a
son choix la realite entre l'universel et l'individu; soit en faisant
remarquer que l'assimilation n'est pas rigoureuse, que l'espece ou
le genre incree n'est pas compose de personnes, mais reside dans les
personnes, que celles-ci ne sont pas separees les unes des autres comme
les individus, mais sont les unes dans les autres, du moins en essence,
et qu'ainsi aucune diversite, quant au temps de la naissance, n'est
assignable entre elles, aucune difference en acte n'est entre elles
possible, si ce n'est celle de la relation[385]. D'ou il resulte que le
rapport de l'individu incree au genre incree est une communaute tout
autre que le rapp
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