io multiplicat trinitatem... Facta est trinitatis
numerositas in eo quod est praedicatio relationis." (Boeth., _De Trin.
ad Symac_., p. 961.)]
[Note 391: Thom. Aquin. _Summ_., I, qu. XL., art. 2 et 3.]
Abelard n'a pas raisonne avec cette rigueur. Il a bien reconnu que les
personnes ne peuvent etre distinguees que par des proprietes. Puis,
ouvrant les livres, il a vu qu'on assignait a chaque personne de
certains caracteres. Or, ces caracteres ne peuvent etre que communs ou
propres. S'ils sont distinctifs, ils sont propres ou personnels. Quels
sont-ils? aux termes de l'Ecriture, engendrer, etre engendre, proceder;
suivant des auteurs tres-reveres, puissance, sagesse, bonte. Les
premiers sont des actes qui donnent lieu a des relations; mais de telles
relations peuvent bien etre les signes ou les effets des proprietes qui
caracterisent un etre; elles ne sont pas ces proprietes intrinseques qui
le definissent. Si donc il existait entre les relations indiquees par
l'Ecriture et les proprietes assignees par les Peres, un secret rapport,
une intime correspondance, celles-ci pourraient etre les veritables
proprietes personnelles; et voila comme avec un peu d'adresse inductive
la distinction de la puissance, de la sagesse et de la bonte devient
la base ou l'equivalent de la distinction du Pere, du Fils et du
Saint-Esprit.
L'erreur logique, c'est de n'avoir pas apercu que les proprietes ne
peuvent etre autres que des relations, et d'avoir confondu la categorie
de la relation avec la categorie de la qualite, ou identifie trois
proprietes absolues avec trois proprietes relatives, en faisant equation
entre non-generation (ou paternite), generation (ou filiation),
procession (ou spiration), et puissance, sagesse, bonte. Mais l'emploi
de la categorie de qualite ou l'attribution speciale aux diverses
personnes de ces diverses proprietes n'est point de l'invention
d'Abelard; l'Eglise l'admet, si elle ne la consacre, et ses plus sages
ecrivains la repetent tous les jours[392]. Cependant, des qu'on fait
des proprietes personnelles quelque chose d'autre et de plus que
des relations, et qu'on essaie ainsi de penetrer en elle-meme la
personnalite intime du Pere, du Fils et du Saint-Esprit, on poursuit une
propriete essentielle, c'est-a-dire qu'on touche a l'essence, et il n'y
a pas d'autre essence que l'essence divine dans sa simplicite. Toutefois
on ne s'arrete pas, et l'on prend pour proprietes personnelles des
attributs essentiels. L
|