mple au sens rigoureux n'a point de qualites; car elle
serait la substance, plus la qualite; elle ne serait donc plus simple.
Aussi dit-on qu'en Dieu etre grand n'est pas distinct de la grandeur. Il
est la grandeur meme, comme il est la bonte, parce que tout en lui est
essentiel[374].
[Note 374: Cf. Aug., _De Trin._ V, x.--Epist, liv ou cliii.--S. Bern.
_Serm._ lxxx.--Clem. Alex. _Paedagog._, I, viii.--Damasc., _De Fid._, 1,
xii et xiii.]
Qu'est-ce donc que les attributs divins dont parlent toutes les
theodicees? Qu'est-ce, dans la theologie chretienne, que les proprietes
qui caracterisent ou constituent les personnes? D'abord ce ne sont pas
des accidents; car ce qui distingue l'accident, c'est la contingence,
c'est d'etre sujet au changement, c'est de pouvoir etre autre. Or, en
Dieu les attributs sont immutables comme lui-meme; ils participent de
son eternite; ils sont comme l'essence. Il en est de meme des proprietes
soit absolues, soit personnelles; la generation est eternelle dans le
Fils, comme en Dieu la justice ou toute autre perfection.
Quelle difference y a-t-il donc entre les proprietes absolues et les
proprietes des personnes? C'est toujours et sous une nouvelle forme
la question: comment l'essence est-elle commune aux personnes et en
est-elle distincte? Si l'essence est commune aux trois personnes ou
hypostases, les hypostases ou personnes sont quelque chose de plus
particulier que l'essence ou substance. Ainsi le rapport de l'essence
a la personne est celui du commun au non-commun ou du general au
particulier, c'est-a-dire le rapport du genre ou de l'espece au
singulier ou a l'individu; et la consideration de ce rapport amene, pour
ainsi dire, de force dans la theologie la question du realisme et du
nominalisme.
Saint Jean de Damas n'hesite point: Dieu est dans le genre supreme de
la substance incorporelle dont il est une des premieres especes, et la
Divinite est ainsi l'espece dans laquelle sont les trois personnes[375].
Et cette opinion, loin d'etre isolee, se retrouve, avec plus ou moins
de developpement, dans quelques-uns des meilleurs philosophes du
christianisme. D'abord c'est une idee presque universelle, que l'essence
est quelque chose de plus general que l'hypostase, et il le faut bien,
l'hypostase etant constituee par le propre, qui, de sa nature et par son
nom meme, est moins commun que la substance. Tout au moins est-il vrai
que telle est notre conception, et que nous ne pouvons nommer
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