ssence avec la realite de certaines distinctions dans l'essence, on
est naturellement conduit a rechercher si dans les etres, ou dans
nos conceptions touchant les etres, il ne se rencontrerait pas des
conditions analogues. Par exemple, tout etre reel est compose de matiere
et de forme. Point de substance individuelle ou la dialectique n'opere
cette distinction, sans cependant que l'unite de l'individu perisse. Si
Dieu etait soumis a cette division _secundum artem_, on dirait qu'il
est compose pour matiere de la substance intelligente et pour forme
de _l'infinite_, ou bien de la substance animee, rationnelle, et de
l'immortalite, ou enfin de la substance indeterminee, plus la divinite.
Or, evidemment cette composition ne serait pas reelle, ou si elle
etait prise comme reelle, elle supposerait qu'une matiere indeterminee
quelconque peut etre la base de l'etre divin, et que la forme de la
divinite n'est point par elle-meme reelle et substantielle; toutes
consequences qui repugnent violemment aux plus simples notions de la
nature de Dieu. De quelque facon que l'on y concoive la conjonction de
la matiere et de la forme, ou detruit l'essence de la Divinite, ou l'on
convertit un de ses attributs necessaires en un accident ou qualite. Or
certains attributs peuvent bien etre concus comme des formes[373]; mais
en realite, ils ne sont pas separables de l'essence, et ce n'est que
par abstraction qu'on en fait des noms substantifs. Il n'y a point de
toute-puissance en dehors du tout-puissant, ni en general de perfection
si ce n'est dans le parfait.
[Note 373: Cyrill., _De Trin._, Dial. II.]
Ces attributs pris dans l'abstraction et qu'on erigerait en formes, ne
peuvent etre des formes proprement dites; car la forme fait d'un etre
ce qu'il est; il y aurait donc en Dieu quelque chose qui ne serait pas
divin, par exemple sa matiere, la forme etant ce qui la divinise, et
partant une division essentielle ou composition dans Dieu. Ces formes ou
soi-disant telles ne sauraient donc etre que des modes. Or si le mode
est la meme chose que l'accident, Dieu n'a pas reellement de mode;
car l'accident n'est pas necessaire; il est accessoire, additionnel,
adventice; il est donc contradictoire avec la nature de Dieu. Si cette
nature comportait des accidents, elle admettrait la composition. Pour
parler d'une maniere plus generale, tout ce qui depend de la categorie
de la qualite est incompatible avec l'essence divine. Une substance
identique et si
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