promis a la foi. Lorsqu'on enseigne
la religion, il est meme impossible de ne point admettre certains
antecedents logiques qui servent de base a la foi, et de ne point
convenir que celle-ci suppose la croyance a certaines verites
prealables, ce qui donne a la foi les apparences d'une deduction. Mais
souvent en fait la foi precede tout raisonnement dont on ait conscience
ou souvenir, et comme elle est religieusement un devoir, meme une
vertu, elle a souvent, ainsi que toutes les autres vertus, le don de se
rencontrer dans l'ame et d'y dominer, sans commencement et sans motifs
connus, en vertu d'une adhesion implicite et involontaire. La foi ainsi
concue est en general plus estimee par la religion, elle lui parait
mieux assuree; n'etant pas la creation laborieuse de la raison, elle
semble inspiree, et son origine la sanctifie. Aussi a-t-elle en
elle-meme plus de merite, le merite qui ne vient pas de nous etant le
seul veritable, et les plus recents apologistes du christianisme se
sont attaches a etablir que les verites, regardees jusqu'ici comme un
preliminaire que la raison demontre pour que la foi prenne naissance,
sont elles-memes connues par la foi avant de l'etre par la raison.
C'est cette foi d'obeissance qui a ete louee dans Abraham. A toutes les
epoques, cette foi a ete distinguee de la foi acquise et raisonnee, et
preferee a celle-ci par les hommes pratiques qui unissaient a une piete
vive l'esprit d'autorite. Cependant l'obeissance raisonnable de saint
Paul reste permise, et c'est celle qu'Abelard enseigne, car c'est la
seule qui puisse etre enseignee.
[Note 354: Lui-meme avait dit: "Deus... tribus voluti viis est
vestigandus, opinione, fide, intellectu. Fides est votuntaria quaedam
et certa prolibatio necdum propalatae veritatis; intellectus est rei
cujusdam invisibilis certa et manifesta notitia" (_De Consider._, V, 3.
Cf. Frerichs, _Comment, de Ab. doct._, p. 13).]
CHAPITRE V.
DES PRINCIPES DE LA THEOLOGIE D'ABELARD.--EXAMEN PHILOSOPHIQUE.
Considerons maintenant dans son ensemble et d'un point de vue plus
general encore la doctrine d'Abelard sur la Trinite. La sentence de
l'orthodoxie contemporaine se trouve developpee dans la lettre de saint
Bernard. Essayons de juger ce jugement.
Il a ete reproduit, mais avec plus de moderation dans les termes, par
des ecrivains modernes. Ainsi D. Clement regarde, non comme faux, mais
comme dangereux ce principe que la foi doit etre dirigee par la lumiere
na
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